La vente anarchique du mouton de l'Aïd semble, malgré toutes les dispositions prises par les pouvoirs publics afin de contrecarrer ce phénomène, prendre paradoxalement de l'ampleur. Si dans certaines communes de l'Algérois les endroits désignés pour la vente du cheptel sont occupés par les maquignons, dans d'autres ils ne le sont pas. C'est le cas de la commune de Bordj El Kiffan ou encore celle de Bordj El Bahri, où les maquignons ont toujours pignon sur rue. Pour échapper au contrôle, qui se fait d'ailleurs au hasard, certains d'entre eux ont trouvé un ingénieux subterfuge : celui de ne plus installer leurs troupeaux aux abords des principaux axes routiers, mais louent des locaux au sein même des agglomérations et procèdent ainsi à la vente de leur bétail en toute quiétude. Une petite virée dans les espaces autorisés à la vente de moutons du côté d'Alger-est, renseigne cependant sur cet état de fait. A Bateau Cassé, dans la commune de Bordj El Kiffan, les revendeurs, dans un climat d'indifférence et le laisser-faire des pouvoirs publics, proposent de manière presque ostentatoire la vente des ovins gavés frauduleusement d'eau et de sel. Les moutons paraissent ainsi gros et adipeux, et sont écoulés au prix fort. A Bordj El Bahri, entre un vulcanisateur et un taxiphone, un local sert pour l'occasion de lieu de vente. Si durant le mois sacré de Ramadhan les commerces de tous genres se métamorphosent totalement pour proposer la vente de la z'labia et du qalb elouz, à l'approche de l'Aïd, certain commerçants, sentant l'appât du gain, s'adaptent aux nouvelles donnes et s'improvisent, conjoncture oblige, maquignons. La question qui se pose dans ce cas de figure, est de savoir quel est le champ d'intervention de la direction du commerce, et les prérogatives qui lui sont attribuées ? Est-ce que figure celle du contrôle des lieux de commercialisation, comme les magasins, boutiques et autres ?