Fraîchement désigné à la tête de la daïra de Djanet, Benkouider Abdelkrim se fixe déjà comme première priorité de régler le problème de la route Djanet-Illizi. Ce tronçon de 420 kilomètres est dans un état déplorable, une piste impraticable et très difficile d'accès. +Entre la cherté du billet d'avion et cette route complètement cabossée, les habitants de Djanet se trouvent doublement pénalisés et contraints de limiter au maximum leurs déplacements. « Le trajet est effectué en 7 heures 30 minutes de temps, alors que s'il était dans un bon état, le trajet n'excéderait pas quatre heures », souligne M. Benkouider qui nous informe que le projet de viabiliser cette route nationale est inscrit au niveau de la Commission nationale des marchés. « Trois soumissionnaires se sont inscrits, dont l'un a été choisi pour entamer les travaux d'un tronçon de 20 km. Ce premier tronçon doit être réceptionné dans quatre mois mais les travaux n'ont pas encore commencé », explique le chef de daïra en notant que la région souffre de l'absence d'entrepreneurs. « Avec l'état de cette route, les transporteurs de marchandises sont moins nombreux à venir à Djanet. Il s'agit pour nous de désenclaver la région ; il est donc impératif de régler le problème de l'axe routier en conciliant à la fois la préservation des sites du parc du Tassili avec le développement des réseaux routiers. » Le problème des entrepreneurs qui refusent de se rendre à Djanet ne concerne pas seulement le secteur des travaux publics. Plus d'une vingtaine de projets de développement dans différents secteurs, notamment le logement, sont à l'arrêt à cause de l'absence d'entreprises soumissionnaires à la fois publiques et privées. « Pour qu'un entrepreneur vienne du nord il faut lui offrir des avantages comparatifs ; ils refusent de se déplacer pour les mêmes prix appliqués dans le nord. Ils refusent de déplacer matériel et ouvriers pour 19 000 DA le km2 au lieu de 32 000 DA », précise le responsable de la daïra qui insiste sur la nécessité de trouver une solution pour que les projets qui sont à l'arrêt arrivent à trouver preneur. Il propose à cet effet la requalification des artisans locaux pour qu'ils puissent prendre en charge les projets en souffrance. Cherche enseignants désespérement Outre les entrepreneurs, Djanet souffre aussi du manque d'enseignants. « Nous avons un manque d'enseignants en mathématiques et français. Ces derniers, il faut aussi les intéresser pour qu'ils viennent, en leur garantissant au moins un logement. Il y a une sorte d'imbrication entre les problèmes qui sont largement dépendants de la venue d'entrepreneurs », indique Benkouider Abdelkrim, en proposant au secteur de l'éducation d'appliquer la formule de la santé qui oblige les praticiens à passer au moins une année dans le sud pour pouvoir obtenir sa spécialité. Avec ses 19 000 habitants, ses 84083 km2 et ses deux communes, Djanet et Bordj El Haouess, la daïra de Djanet présente un budget déficitaire et aspire à avoir un meilleur volume financier en devenant une wilaya déléguée ou une wilaya. Elle connaît aussi une inéquitable répartition de la population, « de par sa proximité avec les frontières nigérienne et libyenne, nous aspirons à encourager la population à vivre au niveau de ces frontières, il y va de la souveraineté nationale. Ceci nous pousse à créer des centres d'intérêt dans ces zones-là, notamment des écoles et des centres sanitaires », note le chef de daïra en annonçant la création de classes à Tinerkoum ainsi qu'une salle de soins en cours de réalisation. Sur la question du chômage, le responsable au niveau local reconnaît le manque de débouchés pour les diplômés et estime que la priorité devrait aller aux autochtones : « Si nous aspirons à la stabilité, nous devons privilégier les autochtones. »