Le personnel politique issu du parti FLN demeurera finalement invariablement sur la même attitude, celle d'un indécrottable mépris envers la population. Alors que Abdelaziz Bouteflika est en train de s'aménager, grâce à la force que lui donne son occupation du poste de premier magistrat du pays, des voies constitutionnelles pour s'agripper au pouvoir, voilà qu'un autre, on ne sait pour quelle raison, veut s'acheter une virginité politique. Est-ce que l'ex-président Chadli Bendjedid espère sincèrement que le peuple a la mémoire aussi courte qu'il semble le penser pour afficher le culot d'affirmer qu'il voulait instaurer un régime parlementaire ? Tout le monde sait que telle n'a jamais été son intention. Est-il besoin de rappeler que c'est sous la pression de milliers de manifestations drainant de dizaines de milliers de personnes que le régime a été contraint d'entrouvrir le champ politique et la communication et de promulguer la Constitution de 1989 qui, faut-il le rappeler, est loin d'être un modèle de démocratie même si elle apportait un léger mieux par rapport à la gestion politique précédente. Son chef de gouvernement, Mouloud Hamrouche, l'admettra plus tard en reconnaissant que les intentions du pouvoir à l'époque ne dépassaient pas le projet d'une ouverture du parti FLN à l'existence de courants politiques. Chadli espère-t-il faire croire qu'un colonel devenu dictateur-président grâce aux canons et aux baïonnettes allait un jour s'amender pour laisser le peuple décider de son sort grâce à des élections ? Va-t-on oublier l'article 120-121 du parti FLN et la répression politique, syndicale et même administrative qui imposaient à l'ensemble de la société le corset que l'on connaît ? Chadli croit-il pouvoir faire oublier que sa police dressait des barrages en plein rue Ben M'hidi pour soi-disant vérifier que les Algériens ne fuyaient pas leur travail, en réalité pour instaurer le climat de terreur qui lui était nécessaire pour consolider son pouvoir ! A-t-il oublié les événements de Kabylie de 1980, la répression des manifestations de Constantine en 1986 ? Pourquoi feint-il l'oubli alors qu'un pays tout entier s'est soulevé contre lui et son acolyte, feu Messadia, en 1988. Un responsable politique digne de ce nom n'avait d'autre choix à l'époque que la démission. Et Chadli, toute honte bue, est resté au pouvoir. La presse était bâillonnée et il n'était pas rare que des journalistes séjournent dans les commissariats pour être punis de leurs « erreurs » ou de leur témérité. Même les petits jeunes gens que la police surprenait la main dans la main dans les jardins publics n'échappaient pas à la vindicte policière. Alors que dire des manœuvres d'un Président sans qualités qui ruina l'économie malgré les prix du pétrole du début des années 1980 et qui poussa les islamistes sur la scène politique en libérant des assassins comme les compagnons de Bouiali ou, plus tard, en aidant par une démarche insensée les illuminés du salafisme à s'ériger en conscience du peuple ? La gestion calamiteuse de Chadli, de ses compagnons militaires et du FLN, a enfoncé le pays dans une situation qui lui interdit jusqu'à présent tout espoir de stabilité, sans compter les affrontements sanglants qui ont annihilé des milliers de vies et réduit en cendres la totalité de l'économie. Alors, qui va croire que ces Présidents passés et présent, venus aux affaires par la force des armes, ont encore quelque chose à dire aux Algériens !