Au 26e jour du blocus total imposé par Israël à la bande de Ghaza, un million et demi de citoyens vivent une situation humanitaire inquiétante. Le ministre israélien de la Défense, Ehoud Barak, a encore une fois justifié le maintien de l'embargo par les roquettes palestiniennes. Ghaza : De notre correspondant Barak et son gouvernement exigent du mouvement Hamas, qui contrôle la bande de Ghaza depuis le mois de juin 2007, avec lequel a été conclu un accord d'accalmie, le calme total à la frontière entre la bande de Ghaza et l'Etat hébreu. L'accalmie, d'une durée de 6 mois qui devrait prendre fin au mois de décembre, a été bien suivie des deux côtés, avant de voler en éclats au début du mois de novembre, suite à une série d'agressions militaires israéliennes qui ont fait 17 morts, dont la plupart sont des éléments des brigades Ezzeddine El Qassam, la branche armée du Hamas. Plusieurs factions militaires actives dans la bande de Ghaza, dont le Hamas, ont répondu par une reprise des tirs de roquettes artisanales en direction des localités proches de ce territoire, surtout celle de Sderot, à la portée de ce genre d'armes. Evoquant un consensus entre les différents mouvements palestiniens actifs, Hamas empêchait auparavant tout tir de roquette, usant parfois de la force. Cette question de tirs de roquettes artisanales a de tout temps été un sujet de grande discorde entre le président de l'Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, et les responsables du Hamas. Alors que le premier a toujours qualifié ces roquettes de futiles, n'ayant aucune efficacité dans le conflit qui oppose les Palestiniens à Israël, le Hamas, qui n'a jamais accepté les appels de Abbas d'y mettre un terme, lui répondait par des accusations graves et essayait de le montrer comme un homme qui travaille au bénéfice de l'ennemi israélien. Aujourd'hui, alors que le Hamas est prêt à revenir à l'accord d'accalmie au cas où Israël arrêtait ses agressions contre la bande de Ghaza, certains mouvements, à l'image du Djihad islamique, la refusent, à cause de la mort de 17 militants, dont des éléments de ce mouvement, ce qui risque de provoquer une confrontation interne entre les deux camps. Un autre dossier qui inquiète beaucoup les Palestiniens, celui des pèlerins de la bande de Ghaza. A la surprise générale, le mouvement Hamas a ordonné aux policiers du gouvernement présidé par Ismail Haniyeh d'interdire par la force à des milliers de pèlerins de quitter la bande de Ghaza par le terminal de Rafah, ouvert à cette occasion pour 3 jours par les autorités égyptiennes. Selon des témoins, pas moins de 13 pèlerins ont été blessés au niveau des barrages montés spécialement pour les empêcher d'arriver au terminal de Rafah. Nafez Azam, un responsable du Djihad islamique, a dénoncé l'agression commise contre Aala Salama, un correspondant d'une radio locale, appartenant à son mouvement, au niveau d'un barrage routier à Rafah, alors qu'il essayait de couvrir l'événement. Sur la chaîne qatarie Al Jazeera, le ministre des Affaires religieuses du gouvernement du Hamas, Taleb Abou Chaar, a déclaré que ces futurs hadji, inscrits sur des listes conçues par le gouvernement de Salam Fayad, installé en Cisjordanie, sont illégitimes. Il a refusé leur départ vers les Lieux saints. L'Arabie Saoudite, qui reconnaît le gouvernement de Ramallah, a refusé de traiter avec deux gouvernements palestiniens. Ainsi, plus de 3000 pèlerins palestiniens qui n'appartiennent pas à un courant politique précis, se voient sanctionnés par la confrontation qui oppose les frères palestiniens. Aucune situation aussi catastrophique quelle qu'elle soit, même du temps de l'occupation directe de la bande de Ghaza par Israël, n'a pu empêcher les pèlerins de se rendre en pèlerinage, ce qui montre la gravite de la réalité palestinienne d'aujourd'hui.