Le marché des fruits et légumes de Médéa, situé en plein cœur de la ville, constitue pour la ménagère et le père de famille un passage quotidien obligé au motif qu'il est le mieux achalandé et le plus abordable pour les petites bourses. Il demeure l'endroit le plus fréquenté par la population de Médéa et environs. Toutefois, l'infrastructure de ce marché, conçue pour un nombre restreint d'habitants, est inadaptée aux besoins d'une population qui s'est accrue à plus de 150 000 habitants. L'exiguïté des lieux n'est pas le seul facteur à l'origine de cette situation insoutenable. Il y règne une anarchie totale éprouvante pour les nerfs du citoyen qui vient y faire ses courses. Tout se mêle sur son passage ; le chemin est obstrué de marchandises étallées à même le sol. Cela va du cosmétique aux portables, friandises, vêtements, chaussures... L'informel y fait loi et il faut jouer des coudes pour se frayer un passage. Un vieux nous confie : « j'ai honte pour ma ville prise en otage... Regardez autour de vous, ce n'est que saletés et désagréments qui y font le décor. » La patience des habitants semble avoir atteint la limite du soutenable. Dernièrement, l'on témoigne qu'il a fallu des heures au SAMU pour y pénétrer en vue d'évacuer une dame gravement malade. Les bagarres, insultes, gestes obscènes vols font le quotidien dans ces lieux. Des marchands à la sauvette y débarquent tôt chaque matin avec leurs marchandises et s'y disputent la principale rue. Malgré des opérations « coups-de-poing », menées à plusieurs reprises par les services compétents pour décourager ces marchands occasionnels, le résultat est le même. Ils reviennent au galop. Même les locataires occupant des carreaux au sein du marché couvert n'ont pu résister à cette pagaille et ont déserté leurs stands en s'installant directement sur la voie publique pour écouler leurs fruits et légumes. La placette réservée auparavant au stationnement des véhicules est squattée par les marchands informels et une partie y sert de dépotoir aux produits avariés. Dans une atmosphère imprégnée d'odeurs nauséabondes, les gens pataugent dans un marécage de saletés, non loin de la pêcherie dont il ne reste plus que le nom. Les poissons se vendent à même le trottoir, à proximité de sacs de tabac à chiquer (produit maison), sans que personne ne se soucie de l'hygiène. Les bouchers clandestins sont présents au milieu de ce paysage désolant. L'état des lieux impropre et l'incivisme de certains commerçants défigurent le visage d'une ville millénaire dont la population aspire à plus de considération. Les représentants de la société civile préoccupés par de ce phénomène ont à maintes reprises attiré l'attention des responsables concernés pour mettre un terme à cette situation désastreuse. L'équipe des élus de l'APC devrait s'impliquer pour réglementer ces marchés, en allant vers la spécialisation des espaces pour chaque catégorie de marchandises. Le marché de Aïn El Kbir, abandonné par ses occupants, peut ainsi servir aux marchands d'habillement, de chaussures et de portables, en vue de désengorger celui des fruits et légumes. Selon les services de la direction du commerce et des prix, un projet de réhabilitation du marché est en cours d'études en collaboration avec les services de l'APC. Des travaux d'aménagement et de restauration sont envisagés pour lui redonner un aspect plus approprié à son activité initiale, tout en préservant son ancienne architecture.