La récente décision de l'APC oblige les Oranais à se rabattre sur les deux marchés quotidiens, celui de la Bastille et de Sidi Okba, provoquant une cohue indescriptible. Quand on leur parle des marchés hebdomadaires, les Oranais vous diront qu'à ce stade-là, il faudrait mieux se taire. Parce que ça leur passe par-dessus la tête. À présent, ça risque de leur passer sous le nez. Car, à Oran, seconde ville du pays de deux millions d'habitants, le responsable de l'exécutif a simplement décidé qu'il n'y ait plus de marchés hebdomadaires. À défaut de points commerciaux qui font vivre la commune et ses cohortes de chômeurs, les consommateurs se rabattent sur les deux marchés saturés de la Bastille et de Sidi Okba, à Mdina J'dida. “L'engouement” des ménagères pour ces lieux de commerce est tel que des scènes indescriptibles éclatent pour un oui ou pour un non. Dans la confusion générale, les consommateurs se bousculent pour se frayer un chemin parmi les étals des marchands. Ils se piétinent et se marchent dans les plates-bandes. “Avant, presque tous les quartiers de la ville tenaient leur marché hebdomadaire. Les consommateurs avaient l'embarras du choix devant la profusion des fruits et légumes, à des prix abordables”, se remémore une ménagère inquiète à l'idée de rentrer chez elle le couffin vide. C'est à la faveur d'une décision prise par l'exécutif, en 2003, que les marchés hebdomadaires ont été fermés. À cette date, l'apparition de la peste à Kehaïlia avait pris de court les autorités locales, qui se sont rejeté la responsabilité sur l'apparition de l'épidémie. Malgré les réunions de travail pour trouver un palliatif, les autorités locales ne se décident toujours pas à mettre un terme aux difficultés que rencontrent quotidiennement les consommateurs. Selon un responsable local, des efforts sont déployés par les services compétents pour la réalisation de cinq marchés hebdomadaires. Des ébauches ont été réalisées dans ce contexte, avant d'être abandonnées pour des raisons qui restent connues des seuls responsables. Initialement retenus pour servir de marchés, les quartiers populaires de l'Usto, Haï Seddikia, Dar E-Beïda, Gambetta et Haï Ibn-Sina, ont finalement été délaissés au profit d'un vague projet, encore en gestation, apprend-on de sources proches de la wilaya. Même si les déclarations de certains responsables se veulent rassurantes, il n'en demeure pas moins que la disparition de ces marchés hebdomadaires ajoute au désarroi des citoyens. “On ne comprendra jamais ce qui peut bien se passer dans la tête des responsables de la ville. On n'interdit pas ainsi les marchés où s'approvisionnent des centaines de milliers de personnes. C'est une aberration !” clament des citoyens courroucés. Depuis leur interdiction, les marchés ne sont qu'un vague souvenir, évoqué avec nostalgie par les Oranais qui regrettent le temps où ils foisonnaient. À cette époque-là, des petits marchés, improvisés et bien achalandés, offraient toutes sortes de marchandises. On pouvait s'approvisionner à Sidi Bici, Tahtaha, El-Hamri, Sidi Houari, Sidi El-Hasni, El-Barki, Derb et aux halles centrales de la cité Petit. Ce qui n'est malheureusement plus le cas aujourd'hui. B. G.