Le trafic de drogue est un phénomène qui n'épargne aucun pays dans le monde. A l'échelle internationale, des milliards de dollars sont générés par ce commerce illicite qui implique des réseaux assez déterminés et puissants pour défier des Etats constitués. La sonnette d'alarme, si elle a été tirée en Algérie sur cette menace mortifère, ne dispense ni les institutions ni la société civile d'une veille permanente. Parce que, ici comme ailleurs, les barons de la drogue ciblent des populations fragiles et isolées et plus particulièrement les adolescents pour lesquels il y a un devoir de protection encore plus impératif. Les structures en charge de la lutte contre le trafic de drogue ne sont qu'un versant de ce processus qui entraîne des suites désastreuses en termes de santé publique. La facture est d'autant plus lourde à payer qu'au-delà des soins que nécessitent les atteintes de la drogue, il s'agit aussi de combler les failles qui ont permis à un tel fléau de se répandre dans la société. C'est la désespérance, l'échec social et scolaire qui facilitent le recours à la drogue comme alternative. Mais c'est l'alternative du pire en l'absence d'une écoute circonstanciée et professionnelle des demandes de la société et plus particulièrement celles qu'expriment les jeunes. Le désœuvrement, la pauvreté, la perte des repères sociologiques sont notamment les terrains propices à l'implantation des trafics les plus coupables. A ce niveau, force devrait rester à la prévention. Il est essentiel, pour soustraire les victimes les plus potentielles aux risques de basculer dans la dépendance aux drogues, de leur offrir des échappatoires productives. La pratique sportive, les loisirs de proximité, les bourses de la vocation constituent des réponses au désarroi d'une jeunesse privée d'idéal, au point de choisir les voies de salut les plus suicidaires. La responsabilité, autant morale que politique, incombe aux différents acteurs institutionnels, mais aussi aux organisations non gouvernementales d'initier des parades contre un fléau qui ronge insidieusement la société. Lorsque le mal est fait, le temps n'est plus au constat mais à l'action. Avant qu'il ne soit réellement et définitivement trop tard.