Souvent ce sont les mêmes réseaux qui sévissent dans l'un et l'autre des créneaux selon les opportunités. Destiné à l'Europe et l'Amérique, le cannabis produit au Maroc transite par la Tunisie et la Libye ou à travers les principaux ports algériens. L'itinéraire préféré des trafiquants demeure la frontière algéro-marocaine, soit la lisière El Bayadh-Naâma-Ouargla-El Oued. D'ailleurs, 48% des saisies effectuées par les services de sécurité et des douanes sont opérés dans l'ouest du pays, la région la plus touchée par le trafic. Ces trafiquants ne font pas de distinction entre la drogue, la contrebande de cigarettes, la confection de fausse monnaie, le blanchiment d'argent, l'immigration clandestine et le terrorisme. Souvent ce sont les mêmes réseaux qui sévissent dans l'un et l'autre des créneaux selon les opportunités. Ces révélations ont été faites, jeudi dernier, à Oum El-Bouaghi. La maison de la culture Nouar-Boubakeur de la ville a abrité les travaux d'un colloque d'information et de sensibilisation sur les dangers de la drogue, organisé par l'association El Bassair pour la culture et les sciences de la wilaya d'Oum El-Bouaghi, en collaboration avec le bureau local de l'Union des médecins algériens et l'Office national de lutte contre la drogue et la toxicomanie. Cette importante manifestation a été l'occasion pour plusieurs intervenants de tirer la sonnette d'alarme quant aux dangers du phénomène. Dans sa communication, M. Salah Abdennouri, directeur des études, de l'analyse et de l'évaluation au niveau de l'ONLCDT précisera qu'il s'agit d'un phénomène mondial quand on sait que 3 à 5% des habitants de la planète consomment de la drogue, soit 200 millions de personnes dont 34 millions en Afrique. La prise de la drogue est l'un des chemins les plus courts pour contracter le sida, toujours selon l'intervenant, qui précise que 5 millions de personnes sont atteintes de sida à cause des drogues. Le fléau de notre temps, et le plus dangereux, reste le cannabis, la drogue la plus répandue car consommée par 150 millions de personnes, suivi des psychotropes. L'orateur expliquera plus loin qu'il existe une parfaite connexion entre la vente illicite de la drogue et les autres formes du crime organisé, tels le terrorisme, le blanchiment d'argent, l'immigration clandestine… Dans un autre registre, la drogue constitue la deuxième source de revenus dans le monde avec 800 milliards de dollars après le commerce d'armement et avant les revenus pétroliers. En contrepartie, seuls 50 milliards de dollars sont consacrés par la communauté internationale à la lutte contre la drogue. En Algérie, le danger est réel avec une progression rapide ciblant la frange des jeunes. Plus de 100% d'augmentation entre 2002 et 2004. En 2008, la quantité de cannabis saisie dépasse les 38 tonnes, un chiffre qui donne froid dans le dos. À l'instar de la tendance mondiale, le cannabis est la drogue la plus consommée en Algérie. Notre voisin le Maroc est le plus gros pays producteur de cannabis dans le monde (60%), ce qui représente une menace pour la santé publique des Algériens. Enfin, en Algérie, en matière de traitement et de prévention, les projets d'ouverture de 15 nouveaux centres de désintoxication au niveau des CHU d'Alger, d'Oran, Constantine, Annaba, Sidi Bel Abbès, Sétif, Tlemcen, Tizi Ouzou, Batna ainsi qu'à Ghardaïa, El Oued, Tamanrasset , Béchar et Adrar ont été mis à exécution l'année dernière. B. NACER