D'habitude si grouillante et animée, la rue des Aurès (ex-la Bastille) était désespérément vide durant ces 2 jours de fête de l'Aïd El Kebir. La paille mélangée au sang servait de décor en ce premier jour du sacrifice. Seuls les revendeurs de baguettes de pain avaient pris possession des lieux. Il est vrai que la fermeture des boulangeries les avait incités à opter pour ce genre de commerce, un commerce informel, au demeurant, des plus lucratifs. Les petits pains sont cédés jusqu'à 20 DA. Au 2ème jour, les boucheries avaient levé leurs rideaux non pour s'adonner à leur commerce habituel mais pour satisfaire les besoins d'une clientèle de circonstance. En effet, un ballet de citoyens, proposant leur mouton au boucher pour être dépecé sur place moyennant une somme d'argent, constituait l'une des principales animations de l'ex-Bastille. En ce 2ème jour, la pluie a refait son apparition, restituant ainsi à cette rue commerçante son cadre habituel fait de gadoue et d'immondices. N'empêche que certains téméraires n'hésitent à braver la nature pour proposer leurs marchandises constituées essentiellement de produits de base, notamment de la salade, de la pomme de terre ou encore de la tomate.