Il s'agit de la troisième profanation en deux ans du carré musulman de ce cimetière de la Première Guerre mondiale, après celles survenues en avril 2007 et avril 2008. Il y avait des insultes envers l'Islam et certaines inscriptions visaient la ministre de la Justice, Rachida Dati, selon la gendarmerie qui précise que cette profanation ressemble aux deux premières. Paris (France) : De notre bureau En avril 2007, 52 tombes avaient été profanées ; un an plus tard, 148 autres avaient été recouvertes d'inscriptions néo-nazies et racistes. En outre, une quinzaine de tombes israélites situées dans le prolongement du carré musulman ont été la cible d'inscriptions identiques, leurs auteurs ignorant probablement qu'il s'agissait d'un secteur différent, a-t-on indiqué de même source. Le président Nicolas Sarkozy a exprimé sa « profonde indignation » et sa « vive émotion », dénonçant dans un communiqué « un racisme répugnant dirigé contre la communauté musulmane de France ». « Au-delà de l'appartenance religieuse, c'est aussi la mémoire de l'ensemble des combattants de la Première Guerre mondiale qui se trouve ainsi insultée », a ajouté Nicolas Sarkozy. Le Premier ministre, François Fillon, a expliqué que « le gouvernement (fera) preuve, à l'égard de ceux qui ont commis ces actes, de la plus grande sévérité ». Le président UMP de l'Assemblée nationale, Bernard Accoyer, le premier secrétaire du Parti socialiste, Martine Aubry, et le maire de Paris, Bertrand Delanoë, ont également condamné cet acte. La secrétaire d'Etat chargée de la politique de la Ville, Fadéla Amara, a exprimé sa « profonde indignation face à cet acte ignoble et scandaleux qui porte atteinte à la mémoire et à la dignité de tous les combattants morts pour la France, quelles que soient leurs confessions ». Les Verts ont mis en garde ceux qui « voudraient profiter de la situation préoccupante » que traverse la France pour « dresser ses habitants les uns contre les autres ». « Ce viol est au-delà de l'indignation » Le recteur de la Mosquée de Paris, Dalil Boubakeur, a affirmé sur France Info que le nom du président du conseil musulman du Nord-Pas-de-Calais figurait sur les tags. Avant d'ajouter : « Nous attendons des noms et des responsables. » Pour le recteur de la Mosquée de Paris : « Ce nouveau viol des tombes des soldats musulmans est au-delà de l'indignation ! Ces faits tombent un jour de fête. Cela fait trois fois de suite, il y a quelque chose qui doit être fait. J'apprends que le nom du président de notre fédération du Nord-Pas-de-Calais était aussi inscrit sur les tombes. C'est du délire incurable ! Il doit y avoir une enquête sérieuse : nous attendons des noms et des responsables ! » SOS Racisme a rappelé avoir demandé depuis des années que « les groupuscules qui agissent dans la région soient dissous et condamnés », déplorant un manque de coordination entre les procureurs des régions concernées par de telles profanations. De même, le Mouvement contre le racisme et pour l'amitié entre les peuples (Mrap) estime que cette « lamentable succession » de profanations à caractère islamophobe met en évidence « la regrettable ineffectivité de la réponse des pouvoirs publics ». « Par delà l'horreur et la colère que provoque ce geste, on est stupéfaits de l'impunité octroyé aux coupables. » « Il est plus que temps que ce racisme appelé islamophobie soit reconnu à l'aune de tous les autres racismes et condamné comme tel », réagit le collectif l'Egalité d'abord. Inauguré en 1925 sur 13 ha, le cimetière Notre-Dame de Lorette, situé sur une colline, commémore notamment les combats de 1915, à l'un des endroits les plus disputés du front occidental au début de la Première Guerre mondiale. Environ 40 000 combattants y reposent, dont la moitié dans des tombes individuelles.