Le temps semble s'être figé au quartier Hira Tahar situé au cœur de la ville d'Akbou, tant celui-ci peine à sortir de la précarité dans laquelle il est confiné depuis des lustres. Bâti sur un terrain en pente en contrebas du centre-ville avec des maisons en terre cuite (toub) et en pisé (d'où sa dénomination populaire Idjdarène), cet ensemble de 3000 âmes environ a toujours été abandonné à son triste sort. Déjà durant la colonisation, les autorités françaises l'appelaient village nègre par opposition au village européen devenu entre-temps le centre-ville du deuxième centre urbain de la wilaya. Depuis l'indépendance, les autorités locales successives ne se rappellent de cet ancien quartier à forte densité de la population que lors des échéances électorales. La promiscuité, la malvie, l'insalubrité sont les caractéristiques de ce quartier constitué de ruelles sinueuses, étroites et de dédales. Même les quelques constructions en dur érigées ça et là n'arrivent pas à estomper l'austérité hideuse des lieux où prédominent des taudis imbriqués les uns aux autres. Ayant assez de souffrir le martyre comme s'il s'agit d'une fatalité, les résidants se sont constitué, pour faire entendre leurs voix en association dénommée Association sociale Idjdarène quartier Hira Tahar. Son président, Iftissen Ali est persuadé que l'inertie des pouvoirs publics est responsable de la situation déplorable prévalant au sein du quartier. « Notre quartier qui est composé en majeure partie d'habitations précaires patauge dans des difficultés innombrables telles les risques d'effondrement, l'absence d'assainissement, la promiscuité les fléaux sociaux, le chômage… En 2003, la DUC (direction de l'urbanisme et de la construction) de Béjaïa a classé notre quartier comme site d'habitat précaire. Dans ce sens, un POS (plan d'occupation des sols) sur une superficie de 9 ha a été confié à un bureau d'études, mais à ce jour, ce projet n'a connu aucun avancement réel », déplore le président de l'association. A noter dans ce contexte que des choix de terrains ont été faits au quartier Hira Tahar pour la réalisation d'une salle de sports, de deux blocs d'habitations et d'une salle de soins, mais ces projets demeurent toujours virtuels. Il en est de même pour le projet relatif à la canalisation du ravin délimitant le quartier au sud. La situation de ce site et d'autres poches de précarité, enlaidissant et servant de terreaux à nombreux fléaux sociaux, est symptomatique du marasme économique, social et culturel que vit la commune d'Akbou par contraste avec son énorme potentiel de développement.