La création d'un réseau de solidarité et d'aide et mise en œuvre d'un protocole commun pour la prise en charge psychosociale des enfants victimes d'abus sexuels, c'est ce à quoi veulent aboutir les organisateurs de la deuxième édition des Journées nationales de médecine légale prévues du 16 au 18 décembre à Annaba. A travers ces journées initiées par le service de la médecine légale du CHU Ibn Rochd avec la collaboration de la faculté de médecine, de la direction de la santé et de la population, du conseil régional de déontologie médicale ainsi que de la cour de Annaba, les conférenciers tenteront de lever le voile sur ce phénomène qui, jusqu'à l'heure actuelle, reste un sujet tabou, y compris dans les milieux les plus ouverts. Les victimes et leurs proches ont du mal à se faire entendre et surtout à arracher une condamnation ou une réparation et les cas de ces violences sont très nombreux et méritent d'être sérieusement pris en charge, estiment les organisateurs. Le thème retenu pour ces journées « Abus et mineurs : réalité et contraintes », traduit explicitement la nécessité d'étudier de manière exhaustive le pourquoi de l'étendue prise par ce fléau responsable de drames quotidiens et constitue une cause majeure de perte de l'équilibre de la société algérienne, ajoutent-ils. Durant ce regroupement scientifique international, l'occasion sera ainsi donnée aux médecins légistes, psychiatres, sociologues, psychologues, juges des mineurs, officiers de police judiciaire et associations de débattre des causes des agressions sexuelles, de leurs conséquences et des moyens à mettre en œuvre pour la prise en charge des victimes et de leurs parents. Aussi, au terme du congrès qu'animeront d'éminents médecins spécialistes nationaux et étrangers, une série de recommandations seront soumises à même de mieux protéger les victimes, et pourquoi pas, les proposer au ministère de la Justice en vue du renforcement de la législation, tant au niveau préventif qu'au niveau répressif. En cause, ce phénomène, qui a connu une évolution dangereuse durant la période du terrorisme, ne cesse d'augmenter au fil des années en l'absence de toute prise en charge institutionnelle et associative. Il est, entre autres, et surtout question de proposer la mise en place de cellules d'écoute de proximité et de la mise sur pied d'instances spécialisées où les victimes pourront consigner leurs plaintes en toute confidentialité. Car, « certaines victimes arrivent à s'en sortir tant bien que mal avec le temps. D'autres non. La violence reste bien souvent une plaie béante », considère Abdelhamid Mira, chef de service de médecine légale du CHU Ibn Rochd de Annaba et ses homologues de la pédopsychiatrie ainsi que d'autres spécialises participants. Ceux-ci interviendront sur la base d'un entretien collectif (focus group) pour tenter d'identifier avec exactitude la problématique des abus sexuels sur les mineurs en Algérie.