L'attractivité d'une ville passe avant tout par un urbanisme de qualité, qui est loin d'être pratiqué à Annaba où la ruralisation et la régularisation sont les maîtres mots des politiques d'urgence. Le plan directeur d'aménagement et urbanisme (PDAU) intercommunal, récemment entériné, croyait naïvement faire de Annaba, selon les spécialistes en la matière, une métropole maghrébine à l'horizon 2020. A peine adopté, le périmètre d'urbanisation s'est encombré de milliers de logements ruraux, qui se juxtaposent et se typifient. Ils rappellent, ainsi, les clichés des années 1980, ayant pris naissance, suite aux inondations qu'avaient connues les localités de H'djar Ediss, Essarouel et ces satellites sous- équipés, qui s'enfoncent à ce jour dans une marginalisation irréversible. Pour se convaincre de cette entreprise de « ruralisation » cyclique, il suffit de visiter la localité de Bouzaâroura (El Bouni) où s'entassent, dans un désordre criant, des milliers de logements ruraux. El Gantra est une autre localité où des logements ruraux sont construits avec des murs extérieurs à briques minces de 8 trous et des toits en tuiles métalliques qui ne renvoient ni chaleur, ni froid. Annaba étant une zone sismique, il est constaté, contre toute logique, un ferraillage minimum de 4 barres par poteau. « Comment exiger aux demandeurs du permis de construire un dossier génie civil, alors que pour les constructions à vocation sociale l'on va à la limite de l'admissible ? » S'interrogent plusieurs architectes de bureaux d'études, qui abondent dans ce sens : « Tout le monde joue le jeu et c'est cette même complicité qui a provoqué le drame inoubliable de la wilaya de Boumerdes ! » La situation est plus paradoxale le long de l'axe RN44 reliant Annaba à la commune de Berrahal, notamment au niveau de Kherraza, Chabbia et 1er Mai. Des centaines de logements, encore ruraux, de formes primitives, s'érigent en vitrines lugubres entachant davantage le paysage de l'entrée de la métropole. « Est-ce la faute aux pouvoirs locaux, ou aux départements ministériels qui adoptent la politique du moindre frais pour un maximum de logements ou de locaux commerciaux ? » Se demandent les mêmes spécialistes. Il suffit de se remémorer le cas des logements sociaux de Sidi Salem, dont les tuiles se sont envolées avec les premières rafales de vent. L'OPGI s'est trouvée dans l'obligation de refaire les travaux en ayant recours au Trésor public car les locataires n'ont même pas payé le loyer. A qui devrait-on demander des comptes ? « Il faut construire durablement, ou ne pas construire, car la nature ne pardonne pas ! » raisonne l'architecte A. Amirat. L'autre hécatombe semble se préparer ces jours-ci au niveau de l'entrée Ouest de Annaba. Censés être éradiqués et remplacés par des aménagements appropriés prescrits par les outils d'urbanisme, les 320 logements préfabriqués sont malheureusement en voie d'être durcis et régularisés par une action politicienne sous forme d'auto-construction. Pourtant, une étude confiée à un BET pour l'aménagement de l'entrée Ouest avait recommandé la non-construction de cette zone pour cause d'inondation (ancien lit d'oued). Cette zone stratégique devait recevoir des projets d'investissements (Carrefour, Blancky, etc.) Comment tolérer sur ces terrains à risque l'auto-construction en adoptant un point de vue social et empêcher des projets d'investissement d'un point de vue technico-économique ? Les activités informelles qui prolifèrent ces derniers temps aux alentours du site ouvrent la voie à plusieurs interprétations…