Ce que d'aucuns redoutaient – l'existence d'une épidémie d'hépatite – dans la contrée de douar El Ghaba, commune de M'cif, s'est avéré une réalité amère pour une population terrassée par des symptômes dont ils ne connaissaient pas l'origine. M'sila : De notre correspondant Les résultats des prélèvements sanguins communiqués par l'Institut Pasteur d'Algérie (IPA) d'Alger sont sans appel ; c'est une véritable épidémie qui sévit sans distinction de sexe ni d'âge dans ce coin perdu de la wilaya de M'sila. Reprenant ces résultats dans un rapport frappé du sceau de la confidentialité, la direction de la santé et de la population (DSP) de M'sila mentionne que sur 286 examens effectués, il a été diagnostiqué 167 cas positifs d'hépatite B, 6 cas d'hépatite C ; 3 cas sont affectés par les virus des hépatites B et C. Cette pathologie évolue dangereusement depuis quelque temps dans ces contrées reculées, sans que les populations n'en connaissent ses conséquences. Cette pathologie se trouve vérifiée par le fait qu'en fonction de la taille de l'échantillon, le taux des personnes atteintes est passé de 46,4% lors du prélèvement du 25 mai à 60,4% lors des prélèvements des 18 et 19 juin de l'année en cours. Parmi les personnes atteintes par les hépatites, on dénombre 27 enfants de 4 à 15 ans atteints de l'hépatite B, 2 enfants âgés de 9 et 15 ans sont atteints par l'hépatite C. Parmi ces enfants, certains sont vaccinés contre les hépatites des nouveau-nés, une vaccination obligatoire depuis 2003. Une mission ministérielle composée de Tarfani Youssef, sous-directeur au ministère de la Santé, de Mme Benslama de l'IPA et de Mme Tabbal du CHU de Batna est à pied d'œuvre à M'sila depuis dimanche pour le lancement, nous dira M. Terfaya, de la commission de suivi dont l'objectif est d'arrêter la transmission de la pathologie. Quant à l'apparition de cette maladie dans cette contrée perdue, qui se transmet en général, rappelle-t-il, par le sang et les rapports sexuels, elle est le fait de la cohabitation de plusieurs familles et la pratique de la hidjama, la circoncision et les accouchements traditionnels qui sont à l'origine de la forte contamination. Et d'ajouter : « Nous sommes en présence d'une véritable épidémie. Les recommandations de la commission vont s'articuler autour de la prévention, de la prise en charge et du suivi par le laboratoire. » L'explication de M. Tarfani quant à l'apparition de cette pathologie dans un lieu de désolation à l'image de douar El Ghaba, une contrée perdue de la commune de M'cif, elle-même encastrée entre le cordon dunaire et les eaux stagnantes du chott El Hodna, ne semble pas a priori faire l'unanimité du fait que certains spécialistes expliquent cette épidémie par des insuffisances en matière d'enquêtes épidémiologiques et des carences en termes de vaccination.