Je ne me rendrai jamais » ; « le Zimbabwe m'appartient ! », a clamé le président Robert Mugabé, au pouvoir depuis 28 ans. Le parti au pouvoir au Zimbabwe a achevé hier son congrès après que le président Robert Mugabe eut affirmé que le pays lui « appartient », en réponse aux appels internationaux à sa démission face à la crise politique, économique et sanitaire qu'affronte le pays. Des milliers de délégués de l'Union nationale africaine du Zimbabwe - Front patriotique (Zanu-PF) étaient réunis à huis clos avant la clôture, en fin de journée, de cette réunion dans la petite ville minière de Bindura, située à 80 kilomètres de la capitale. « Si nous ne sommes pas unis, le parti est plus faible », a lancé vendredi M. Mugabe à l'ouverture de ce congrès annuel, le premier depuis la défaite historique du parti aux élections générales de mars. La Zanu-PF avait perdu en raison des divisions internes et d'une impopularité croissante liée au marasme économique. « Certains disent ne votez pas pour le Président. Mais si votre candidat présidentiel perd, votre parti perd aussi », a-t-il ajouté. Réagissant aux appels à la démission de la communauté internationale, Robert Mugabe avait également réaffirmé vendredi qu'il ne renoncerait jamais. « Je ne me rendrai jamais. » « Le Zimbabwe m'appartient ! », a clamé le Président, au pouvoir depuis 28 ans. Ce dixième congrès intervient alors que le pays est plongé dans la paralysie politique depuis la réélection en juin du président Mugabe, boycottée par l'opposition. Son rival Morgan Tsvangirai – qui a remporté le premier tour de la présidentielle en mars – et le chef de l'Etat ont tenté de sortir de la crise en signant, à la mi-septembre, un accord de partage du pouvoir, resté lettre morte depuis. Les deux hommes n'arrivent pas à s'entendre, notamment sur la répartition des ministères clés, et M. Tsvangirai a posé vendredi comme première condition à la poursuite des négociations l'arrêt des enlèvements et la libération de plus de 40 militants de son parti et de défenseurs des droits de l'homme. A cette impasse s'ajoute une crise humanitaire sans précédent, qui traduit tant la paralysie politique que l'effondrement de l'économie. Une épidémie de choléra a déjà fait depuis août plus de 1100 morts et continue de se propager, selon l'ONU. Des millions de personnes sont menacées de famine, la production est au point mort et l'inflation dépasse l'entendement avec, en juillet, un taux annuel de 231%. Durant ces deux jours de congrès, les délégués se sont réunis en session pour discuter de ces questions. Ils avaient également prévu d'évoquer la restructuration du parti, le gouvernement d'union nationale toujours dans les limbes malgré la signature d'un accord le 15 septembre et les menaces sur la sécurité du pays. La succession du chef de l'Etat, 84 ans, n'était pas à l'ordre du jour du congrès, intitulé « Restons unis pour soutenir le parti et la révolution ». Pour de nombreux pays, le départ du plus vieux chef d'Etat africain était au contraire au centre des discussions.