Dans l'ensemble des 5 unités de cette entreprise où les menaces se font de plus en plus précises, les travailleurs et leur syndicat ne veulent plus rester dans l'expectative. Ces derniers jours, la colère des syndicalistes et celle de leur base s'est accentuée. Elle est significative de la volonté de ces derniers de s'opposer « par tous les moyens » à la privatisation de leur outil de travail. « Oui au partenariat, non à la privatisation », affirment-ils avec détermination. Sous le regard de leur syndicat d'entreprise, les 600 travailleurs se préparent à radicaliser leur mouvement de résistance à ce qu'ils ont estimé être une autre trahison de l'UGTA. « Ce n'est pas des propos en l'air. Toute tentative de privatisation des hôtels de notre entreprise sera vouée à l'échec. Que l'on ne cherche surtout pas à nous mettre devant le fait accompli. Si c'est le cas, n'ayant plus rien à perdre, nous ne laisserons pas un seul établissement en état de fonctionnement. Le repreneur prendra possession de bâtisses noircies de fumée », ont déclaré plusieurs d'entre eux en poste dans les différentes unités de cette entreprise. La position volontairement provocante de la base n'inquiète pas outre mesure, Ali Allalou, secrétaire général du syndicat de l'entreprise. Tout en appréciant la fermeté des travailleurs face aux risques qui pèsent sur leur outil de travail et auxquels il apporte « un total soutien », il a précisé : « Les termes de la résolution n° 6 du CPE présidé par le chef du gouvernement sont clairs. Or, nous ne sommes au courant de rien en ce qui concerne la cession de deux de nos unités pour laquelle, un avis d'appel d'offres a été publié dans différents titres de presse. Par ouï-dire et à travers les visites successives de représentants de potentiels repreneurs comme le groupe Méridien et Accor, nous apprenons que d'autres unités comme le Seybouse devraient suivre », avance M. Allalou. Emblématique depuis 1998 avec l'annonce de la privatisation de leur entreprise sans cesse reportée, le mouvement des hôteliers du secteur public de la région de Annaba s'est amplifié ces derniers jours. Au-delà de ceux qui, depuis la parution des appels d'offres de cession des deux hôtels de Annaba et de Guelma, manifestent et pestent contre l'UGTA, il y a ceux qui préparent le bras de fer. C'est le cas des syndicalistes de la Fédération du commerce et du tourisme (FCT) représentant les travailleurs des 48 wilayas. Au cours de l'Assemblée générale qui les a réunis le 18 décembre 2004 à Constantine, ils ont exprimé leur opposition ferme à la procédure de privatisation telle qu'engagée. Se disant surpris par la parution des appels d'offres portant cession de différents hôtels de statut public, ces syndicalistes ont unanimement réaffirmé leur détermination à s'y opposer par tous les moyens. « Si Sidi Saïd persiste à collaborer avec le gouvernement pour marginaliser les travailleurs dans une démarche qui engage leur avenir social et professionnel, nous estimons que la centrale qu'il dirige n'est plus représentative des travailleurs. C'est pour cela que nous envisageons notre adhésion dès 2005 à la Snapap ou dans tout autre syndicat pour mieux défendre les intérêts de nos travailleurs », ont pesté de nombreux syndicalistes qui ont affirmé avoir l'accord de leur base pour l'application de cette option. Dans l'entourage de la fédération des travailleurs de l'hôtellerie, on considère la démarche engagée par le gouvernement pour une privatisation en catimini des établissements hôteliers publics comme une provocation des travailleurs. D'autant, ont précisé les syndicalistes, que les bilans d'activités de ces dernières années de l'ensemble des unités sont plus que positifs. Comme pour mieux souligner leur incompréhension à la démarche de privatisation, les travailleurs ont affirmé que la majorité des entreprises publiques de gestion touristique du pays verse annuellement des parts de bénéfice conséquentes à leurs travailleurs. « L'exigence de la redistribution des fruits de la croissance enregistrée par notre activité directement liée au tourisme rend explosive toute tentative d'utilisation politique de notre outil de travail. C'est pour cela que nous redoutons les effets d'une privatisation imposée », a précisé le secrétaire général du Conseil syndical de l'entreprise. Sa déclaration est approuvée par plusieurs de ses homologues des conseils syndicaux des unités. Pour l'heure, la privatisation annoncée de l'hôtel Seybouse avec ses 288 chambres et ses 12 suites fait l'objet de toutes les convoitises. A quelques jours de l'ouverture des plis de cession des deux autres unités Orient et Mermoura, les principaux candidats pour son acquisition appartiennent à des groupes français et franco marocain connus pour leur rivalité quand il s'agit d'hôtellerie de grand standing. Cependant, derrière le groupe franco-marocain, cadres et syndicalistes de l'EGTA devinent l'ombre des services marocains désireux d'infiltrer le secteur de l'hôtellerie véritable grotte d'Ali Baba en matière de renseignements concernant l'Algérie et intéressant le Maroc. Autre candidature à l'acquisition de l'hôtel Seybouse, celle du groupe Méridien que seule intéresse le management avec versement d'un pourcentage sur le chiffre d'affaires.