A moins d'un mois de l'investiture de Barack Obama, le Président sortant ne rate aucune occasion de se signaler par des sorties intempestives. Sur ce registre, George W. Bush s'est notamment illustré par sa détermination à vouloir sauver l'industrie automobile américaine. Ce qui consiste à vouloir étancher un bateau qui fait eau de toutes parts. George W. Bush laisse à son successeur un pays en totale déconfiture financière et économique. Obsédé par sa passion dévorante pour la guerre, George W. Bush n'a jamais vraiment prêté une attention soutenue à l'économie. Il a laissé prospérer dans ce secteur des profiteurs qui se sont enrichis en précipitant la ruine de millions d'Américains ordinaires incapables de rembourser leurs crédits. Les centaines de milliards déjà mobilisés ne suffiront pas à réparer les dégâts provoqués par la gestion calamiteuse des Etats-Unis par George W. Bush. Ce dernier quitte la scène par la petite porte sans se prévaloir d'un seul acte qui lui vaudrait d'entrer dans l'histoire autrement que par son rôle négatif. George W. Bush a été le président américain qui a légitimé le recours à la torture. Cela, après avoir agressé militairement des pays aussi géographiquement éloignés des Etats-Unis que le sont l'Afghanistan et l'Irak. Qui pourra exonérer sa conscience des centaines de milliers de morts qu'a occasionnées sa politique d'invasion ? Cet héritage de larmes et de sang altère l'image des Etats-Unis en la réduisant à une nation hégémonique et prédatrice. Barack Obama devra alors, dès le 21 janvier prochain, refonder la maison Amérique. La tâche ne sera pas aisée avec une crise économique et financière ravageuse, un état de guerre permanente en Afghanistan et en Irak, et le risque de voir éclater de nouveaux conflits armés sous la pression du complexe militaro-industriel et de lobbies favorables à une attaque contre l'Iran. Il serait illusoire de croire que Barack Obama, au-delà de tout le capital de sympathie dont il bénéficie, va pouvoir inverser les tendances lourdes de la politique américaine. L'espoir le plus largement entretenu dans le monde est d'abord que le président Obama se démarque de son prédécesseur en prônant la paix et l'apaisement dans des régions du monde où les Etats-Unis et leurs alliés n'ont pas le monopole de la décision. Barack Obama, qui vient aux affaires dans un climat de désastre avéré, aura ainsi à cœur de reconquérir la confiance que les Etats-Unis ont cessé d'inspirer dans le monde depuis que George W. Bush est au pouvoir. Il faudra donc se garder d'insulter l'avenir, d'autant moins qu'il n'engage pas seulement les Etats-Unis, mais plus largement le devenir du monde.