La chambre administrative de la cour d'Alger a prononcé jeudi un jugement en référé, d'heure en heure, déclarant l'annulation de l'appel à la grève lancé par le Conseil national autonome des professeurs de l'enseignement secondaire et technique (CNAPEST) pour les 9 et 10 janvier. Le ministère de l'Education a rappelé qu'il est tenu d'appliquer les dispositions prévues par la loi, notamment les poursuites judiciaires, à titre individuel, à l'encontre des enseignants qui enfreindraient cette décision de justice. « Si les responsables du CNAPEST ne renoncent pas au débrayage et ne respectent pas la décision de justice, ils seront considérés comme hors-la-lois. Nous avons, à travers les diverses rencontres tenues avec le CNAPEST, tenté de régler les problèmes auxquels sont confrontés les enseignants. Nous ne comprenons pas pourquoi au moment où le dialogue s'est instauré et un plan de travail élaboré, le CNAPEST appelle à une grève », a souligné le conseiller chargé de l'information au niveau du ministère de l'Education. Hier, le CNAPEST a réuni son conseil national pour débattre et décider de la démarche à suivre. Ne voulant pas aller à contresens de la décision de justice et éviter des problèmes aux enseignants, le conseil national du CNAPEST a décidé de suspendre la grève prévue pour demain et dimanche. Il se réserve le droit de faire appel aujourd'hui au niveau du Conseil d'Etat. « Ce n'est pas un revirement de situation. On ne s'attendait pas à ce que le ministre nous poursuivre en justice et on ne s'attendait pas à un tel verdict qui est pris au nom du peuple. Donc, nous devons le respecter. Notre structure syndicale est visée par cet acte », a déclaré M. Mériane, coordinateur national du CNAPEST, lors d'une conférence de presse, animée hier au siège du CNES à Alger. L'horloge du CNAPEST, de l'avis de M. Mériane, ne s'arrêtera pas les 9 et 10. « Nous sommes des légalistes et respectueux des droits de la République », lance-t-il avant de préciser que « le ministère de l'Education a demandé l'annulation des activités du CNAPEST. Et le juge a ordonné, quant à lui, l'annulation du débrayage prévu pour les 9 et 10 et ce, jusqu'à finalisation des dispositions juridiques du syndicat. Ce qui implique que nous pouvons activer en tant que collectif et ce, conformément à l'article 4 de la loi 90-02 », indique-t-il. « Pour venir à bout d'un conflit social, on nous a traînés en justice, ceci démontre que nous sommes un syndicat qui a son poids dans la société. Toutefois, nous ne comptons pas baisser les bras. Dès demain, une délégation du CNAPEST se rendra à la commission des droits de l'homme pour lui exposer notre cas et une autre saisira le BIT », a souligné l'orateur. Celui-ci a indiqué que le comité des libertés dont le CNAPEST fait partie va étudier cette situation afin de dégager une riposte commune à ce recul et aux restrictions des libertés syndicales. L'avocat du CNAPEST a relevé, lors de la plaidoirie, cinq points de vice de forme. Il avait insisté lors de son intervention sur le fait que le juge des référés n'est pas compétent pour juger cette affaire. « On est traduit devant le juge des référés que lorsqu'il y a extrême urgence et un fait qui relève d'une gravité suprême. Nous avons posé la question, à savoir est-ce qu'une grève de deux jours constitue une urgence et un fait très grave et dangereux pour les élèves ?... », relève l'avocat du CNAPEST. Il rappelle que le ministère de l'Education a reçu à maintes reprises les représentants du CNAPEST et a même mis à leur disposition des locaux pour qu'ils puissent tenir leurs réunions de travail. « Comment, aujourd'hui, nie-t-il l'existence du CNAPEST et décide de le poursuivre en justice ? », s'est-il interrogé.