La Palestine, aujourd'hui plus que jamais, est la cible privilégiée des stratèges occidentaux qui cherchent soit à la nier, soit à la domestiquer. L'agression perpétrée par Israël contre Ghaza entre dans de tels calculs. Après l'Afghanistan et l'Irak, c'est au tour de la Palestine maintenant de tomber sous la coupe exclusive de l'Europe et des Etats-Unis qui entendent y installer des régimes acquis comme ils ont pu le faire à Kaboul et à Baghdad.Le profil du parfait dirigeant, pour les capitales occidentales, est celui de l'Afghan Hamid Karzai ou de l'Irakien Nouri Al Maliki, tous deux portés au pouvoir par les fourgons des armées d'occupation étrangères. Dans le cas de la Palestine, les Etats-Unis et l'Europe ne veulent pas entendre parler du Hamas et encore moins reconnaître le fait qu'il avait remporté les élections dans des conditions que les observateurs avaient qualifiées de loyales. Cette victoire avait été tout de suite contestée non par les Palestiniens eux-mêmes, ce qui aurait été leur droit, mais par les Occidentaux au prétexte que le Hamas est considéré par les Etats-Unis et l'Europe comme une organisation terroriste. En d'autres termes, ce n'est ni plus ni moins que de dicter aux Palestiniens les choix à faire. Ce n'est pas le Hamas qui est dans le collimateur de cet Occident donneur de leçons. Le regretté président Arafat n'était pas non plus en odeur de sainteté, à telle enseigne qu'il fut enfermé à Ramallah pour y mourir. Les Occidentaux cherchent en Palestine un Karzai ou un Al Maliki local au mépris des choix souverains du peuple. Ce sont des pratiques expérimentées par les anciennes puissances coloniales en Afrique et par les Etats-Unis en Amérique latine. Il n'est pas inutile de relever que l'agression israélienne contre Ghaza intervient avant des échéances électorales importantes pour les Palestiniens. Il s'agit de savoir qui succéderait éventuellement au président Mahmoud Abbas. Mais quelles élections pourraient se tenir dans un pays ravagé ? Israël a eu le feu vert au moins des Etats-Unis pour déclencher ses raids meurtriers contre Ghaza, et Tel-Aviv autant que la Maison-Blanche en escomptent un coup fatal porté au moral des Palestiniens. Et en arrière-plan, se dessine cette volonté occidentale à contre-courant de la marche de l'histoire d'imposer son hégémonie aux peuples épris de liberté. Sous le vernis du discours sur les droits de l'homme, se profilent les ombres de ceux qui s'étaient attaqués à Mossadegh, Lumumba et Salvador Allende. Rien n'a changé, en fait, depuis ces temps-là en dépit du paravent de la mondialisation : ce sont toujours les mêmes qui décident du sort de l'humanité. La Palestine ne recèle ni pétrole ni mines d'or et de diamants. Sa tragédie est de se trouver dans l'immédiate proximité d'un Etat d'Israël créé par l'Occident pour se dédouaner de l'holocauste commis par le IIIe Reich allemand. Toute remise en cause de cet Etat est assimilée à une question de sécurité intérieure par les Etats-Unis et l'Europe. Après le Hamas palestinien, le temps viendra où l'Etat hébreu, avec la bénédiction de ses alliés, voudra frapper le Liban, la Syrie, l'Iran et tout autre pays qui s'aviserait de sortir des rangs.