L'hiver étant bien installé, les besoins en gaz pour le chauffage domestique ou pour la préparation des repas chauds augmentent d'un cran. Les ménages des quartiers populaires souffrent parfois de devoir cohabiter avec ces bouteilles de butane qui, témoigne-t-on, laissent souvent échapper d'énormes quantités de gaz qui font craindre le pire. Dans un point de vente, un citoyen que nous avons rencontré et qui semblait dans l'embarras devant le choix de bouteilles de butane à embarquer, nous a exprimé tout son désarroi : « On est vraiment étonnés de voir ces bouteilles de butane qui manquent d'étanchéité et qu'on s'obstine à réinjecter dans le circuit de commercialisation. Il faut bien tâtonner pour dénicher des bouteilles de butane ne présentant pas de fuite de gaz ». Au-delà des risques encourus par les usagers, il ajoute : « Une bouteille de butane vendue à 200 DA, nous coûtera, autrement, beaucoup plus cher à considérer toute cette quantité de gaz qui se perd ». Un propriétaire d'un point de vente au niveau du quartier de Ben Achour, à 2 km du centre-ville, impute la responsabilité de ces dysfonctionnements aux agents livreurs (convoyeurs) : « Combien de fois, lors du déchargement, n'avons-nous pas vu ces agents qui lancent du haut de leur camion ces bouteilles de butane qui, parfois, se déforment en percutant le sol ». Il faut noter aussi que sur bon nombre de ces bouteilles, et comme constaté de visu, il manque le joint d'étanchéïté. « Il s'agit là d'un problème de civisme », affirme notre interlocuteur. « Le citoyen restitue souvent la bouteille vide sans le joint torique (un bout de plastique noir qui lui était initialement incorporé). Imaginez le nombre de bouteilles mises en vente ou restituées quotidiennement ! », a-t-il ajouté. Contacté pour apporter plus de précisions, un inspecteur de la sécurité industrielle de Naftal nous a affirmé que son entreprise procède périodiquement à des opérations de vérification de tous les appareils contenant du gaz comprimé. Les bouteilles de butane, précise-t-il, passent par un trieur qualifié qui procède à la vérification des anomalies visibles, puis par l'ingénieur des Mines qui vérifie la pression à 30 bars. Toutes les bouteilles réformées seront piochées (percées) pour éviter leur réutilisation. Dans la wilaya de Blida, où le taux de raccordement n'a pas encore atteint les 70%, le recours au gaz butane est encore très important. Le centre GPL situé sur la route de Beni Tamou délivre en hiver, entre 18 000 à19 000 bouteilles de butane par jour. Les transporteurs sont tenus de respecter un cahier des charges et de se conformer aux normes de sécurité (respect des itinéraires, des points de livraison et des modalités de manutention). « Depuis l'entrée en service des revendeurs distributeurs privés, la mission des chefs de secteurs, responsables de contrôle et de suivi des opérations de livraison, est rendue plus ou moins difficile, vu l'étendue du circuit et l'importance du flux d'engins », explique notre interlocuteur. S'il est vrai que des défaillances systémiques peuvent être la source d'un accident meurtrier, les défaillances comportementales, entre autres les négligences et le non-respect des consignes de sécurité, demeurent souvent, la cause majeure des accidents domestiques ou dans les entreprises industrielles.