Nombreux étaient ses amis et sa famille à venir se remémorer, le temps d'une soirée, l'homme de culture et de lettres qu'a été Boulenouar Abdessamed. En effet, c'est dans une salle archi-comble que cet hommage a eu lieu dans une atmosphère emprunte de nostalgie, de tristesse et de joie à la fois. Comme le veut la tradition, en guise de bienvenue, la soirée a été étrennée par une troupe de zorna traditionnelle, suivie d'une présentation exhaustive de la vie et de l'œuvre du défunt, signée par Abdelkader Bendemaâche. Boulenouar Abdessamed est né le 4 juin 1930 à Miliana. Après avoir suivi une partie de son cursus scolaire à Miliana, il quitte sa ville natale à l'âge de 14 ans pour rejoindre la médersa d'Alger, soit le lycée Bugeaud. Il en ressortira trois ans plus tard avec le baccalauréat en poche. Il emprunte, alors, le chemin de la Faculté d'Alger pour préparer une licence d'arabe. Parallèlement à ses études universitaires, il trouvera le temps, pendant les vacances, d'exercer en tant qu'interprète judiciaire dans un cabinet à Relizane et ce, durant trois années. Au cours de cette époque, il est membre de l'association des étudiants nord-africains. Une fois le diplôme en sa possession, il enseigne, en qualité de professeur des écoles pendant la guerre de Libération nationale. Il occupera, par la suite, plusieurs postes importants dont, entre autres, professeur à l'Ecole normale de Bouzaréah, inspecteur dans le primaire, directeur de l'ITE de Ben Aknoun, proviseur du lycée Toufik Bouattoura. En outre, il a enseigné pendant vingt-cinq ans à l'ENA, en qualité de professeur de droit musulman et des institutions musulmanes et de terminologie. En 1986, il est nommé directeur du livre et de la lecture publique et chef de cabinet au Conseil national de la culture. Il prendra une retraite bien méritée en 1989. M. Boulenouar Abdessamed était un homme raffiné pour qui la culture n'avait aucun secret. Il avait fait de la musique andalouse son cheval de bataille. Il était présent à toutes les manifestations culturelles. Mieux encore, il était respectivement membre fondateur de l'Association de sauvegarde de la musique andalouse, de l'association Zyriab de Miliana et Anadilde de Chéraga. Il a également traduit dans les deux langues (arabe et française) de nombreux livres et Cd se rapportant à la musique andalouse. En outre, il a préfacé une multitude d'ouvrages. Il a tiré sa révérence à l'âge de 77 ans, le 17 décembre 2007. Il a été enterré à Miliana. L'un de ses fils , Zaky, nous confiera en aparté, que son père était un papa aimant, un citoyen respectueux et un homme droit. Abondant dans le même sens, un ami de la famille, Riad Raïs, nous dira, tout ému, que M. Abdessamed était un grand monsieur de par sa culture et de sa générosité. « ll avait, dit-il, un humour légendaire. On le voyait dans tous les grands rendez-vous artistiques. » Ainsi, la soirée d'hommage s'est caractérisée par un répertoire que le regretté appréciait particulièrement, en l'occurrence la nouba ghrib et zidane en mezdj. Les présents ont pu s'enivrer durant la première partie d'une touchia ghrib, d'un inkilab : aârak li habiboun, un m'cder zidane : tahia bikoum koullou ardhin tanzilouna biha, un btaîhi ghrib : tidhkaroukoum indi, un derdj zidane ellouzou fatah, un insiraf zidane:ya kamila el maani, un inciraf ghrib : ya saâten haniya, un khlas ghrib : kaliftou bi el badri, un khlas zidane : ittaki allah et une touchiat el kamal. La deuxième partie était axée sur la raml maya avec ya raoud rani et rhaoui.