Les crédits non remboursés sont en augmentation. La question des garanties bancaires a fait l'objet, hier, d'une journée parlementaire organisée au Conseil de la Nation, en présence de juristes, de banquiers et d'opérateurs économiques privés et publics. Les conférenciers ont présenté les différents aspects liés aux garanties bancaires sur les plans juridique et financier. Le secrétaire général du ministère des Finances, M. Miloud Boutabba, est revenu sur la situation actuelle du système bancaire public en Algérie. Il a déclaré que “les crédits distribués au secteur privé représentent plus de 51% des crédits octroyés par les banques publiques au 1er semestre 2005 alors que cette part était de 40% en 2002”. Plus explicite, il a souligné que “cette tendance à l'augmentation des engagements des banques sur le secteur privé est, également, porteuse de risques”. Le représentant du ministère des Finances a affirmé que “les créances non performantes (crédits non remboursés) détenues sur ce secteur s'accumulent de plus en plus dans le portefeuille des banques, puisqu'elles représentent 44% des crédits alloués à ce secteur”. Et d'ajouter : “Le corollaire de cette tendance est le déplacement du risque d'engagement du secteur public vers le secteur privé.” Les crédits directs bruts ont atteint 1 416 milliards de DA au 1er trimestre 2005, dira-t-il. Ce qui représente une évolution de 11% en moyenne annuelle durant ces quatre dernières années. L'essentiel de l'activité bancaire est dirigé, précise M. Boutabba, vers la clientèle d'entreprises publiques et privées alors que seulement 15 à 20% des crédits sont allouées aux particuliers. Pour M. Boutabba : “Cette tendance à la concentration des engagements peut donner lieu à un risque de contrepartie majeure de nature à menacer la continuité de l'exploitation de la banque.” Elle peut mettre aussi la banque en situation de non-conformité avec les règles prudentielles, notamment la concentration et la division des risques, a-t-il averti. Il a relevé, par ailleurs, que “les crédits par signature accordés par les banques publiques ont atteint un montant de 500 milliards de DA en 2004, soit un taux de 27% de l'ensemble des engagements des banques”. Ces engagements concernent généralement des opérations de commerce extérieur, note-t-il. Il a soutenu, aussi, que “les ressources dinars, collectées auprès de la clientèle y compris la Cnep, ont atteint 2 425 milliards de DA au 1er trimestre 2005, soit une évolution moyenne annuelle de 13% durant ces quatre dernières années”. Ces données démontrent, selon lui, une amélioration non négligeable des moyens d'action des banques et d'une capacité encore limitée de transformation des ressources en emplois commerciaux, soit un taux de 55%. Ce responsable a soutenu qu'“une levée de fonds de plus de 118 milliards de DA a été réalisée à fin janvier 2006 pour financer, notamment, les programmes d'investissement de la Sonatrach, Air Algérie, Sonelgaz, Algérie Télécom et Cevital”. Quant à M. Abderahmane Benkhalfa, délégué général de l'Association des banques et établissements financiers (Abef), il a expliqué que “les banques algériennes ont des difficultés sur le commerce extérieur, car il y a une intensité de contre-garanties émises par les banques étrangères”. Ces dernières actionnent souvent l'appareil judiciaire de leur pays pour imposer des contre-garanties ou bloquer leur paiement aux banques algériennes, martèle-t-il. Partant de ce constat, il a plaidé en faveur d'un avis juridique autorisé émis par les spécialistes algériens qui sera opposé aux instances judiciaires étrangères. Le délégué général de l'Abef a déploré “la situation conflictuelle vécue par les dirigeants des banques quant à la responsabilité administrative et pénale dans la gestion des deniers publics”. Abondant dans le même sens, M. Omar Cheboub, responsable au niveau du CPA, a proposé la mise en place d'un système d'information national sur les banques intermédiaires étrangères afin de déceler les bons et mauvais payeurs. FaIçal Medjahed