Alors que les bombardements massifs de Ghaza entrent dans leur deuxième semaine, Israël est loin d'en tirer les bénéfices militaires et politiques escomptés. Bien au contraire, l'Etat hébreu se trouve mis à l'index pour les massacres prémédités de centaines d'enfants, de femmes et de vieillards palestiniens. Il convient alors de se demander si cette campagne guerrière n'a pas définitivement sonné le glas des infimes chances de paix dans la région. Comment la Syrie, le Liban pourraient-ils engager des négociations sur les ruines de la Palestine ? La paix ne figure en fait pas dans l'agenda de l'Etat hébreu. Preuves en sont fournies par les initiatives arabes successives qui n'ont pas changé la situation d'un iota. La stratégie d'Israël est cousue de fil blanc à cet égard. Tel-Aviv n'a cure des bonnes intentions arabes, à plus forte raison de celles qui sont marquées au coin de la modération. N'est-il pas significatif que l'édification du mur de séparation soit intervenue au moment précisément où s'ébauchait une solution politique avec l'avènement de l'Autorité palestinienne ? De concert avec l'Europe et les Etats-Unis, Israël a voulu le plus de concessions possibles de la part des Arabes sans offrir de contrepartie. A chaque initiative arabe, il a répondu par un durcissement de sa posture et un refus d'un Etat palestinien libre et indépendant. En réalité, les concessions arabes semblent encore insuffisantes pour Israël qui juge que les dirigeants arabes modérés ne l'aident pas suffisamment dans la guerre livrée aux mouvements de résistance. Les pays arabes qui ne se fondent pas dans ce moule sont vite taxés de terroristes et diabolisés comme ennemis irréductibles d'Israël. C'est une rengaine qui a notamment servi contre la Syrie et le Liban. Accessoirement, c'est le péril iranien qui est mis au-devant pour justifier les guerres que livre Israël et notamment celle contre le Hezbollah libanais en 2006. Par un enchaînement prévisible, c'est alors toujours Israël qui agresse en premier et se place dans le rôle de la victime qui doit attirer la compassion. Tout se passe comme s'il fallait oublier délibérément que les Palestiniens sont, aujourd'hui, comme hier, attaqués par une puissance militaire et nucléaire à la fois. Les amis d'Israël préfèrent tourner leur regard vers Damas, le Sud-Liban ou Téhéran. Cette duplicité, cette disproportion des moyens en présence, nourrit le ressentiment de la rue arabe contre l'Occident mais aussi les Intifadha à venir contre Israël et ses alliés qu'ils soient arabes ou européens et américains. La colère qui accompagne les bombardements de Ghaza montre bien en cela combien le fossé est grand entre les opinions publiques et des dirigeants arabes impuissants à avoir du pouvoir ailleurs que chez eux. Le sort des peuples arabes est tributaire ainsi du bon vouloir d'Israël à reconnaître qui, dans cette région, est un interlocuteur valable ou ne l'est pas. Il ne manque à Israël que de vouloir désigner les dirigeants qui trouveront grâce à ses yeux. Mais cette façon de penser et d'agir est une dangereuse insulte à l'avenir.