Le Conseil de sécurité des Nations unies fait décidément preuve de continuité en ce qui concerne le conflit du Proche-Orient. Une faillite bien réelle puisque l'Organisation internationale est tenue éloignée de sa position originale, celle de faire la paix et de la préserver. Il est difficile de parler dans ce cas d'incapacité, mais plutôt de parti pris, bien réel celui-là, puisque l'Organisation internationale est tout simplement bâillonnée, avec en guise d'arguments des concepts sortis de leur cadre et en tout cas en porte-à-faux avec l'essence même de ce conflit. Une telle organisation est ainsi amenée à traiter des effets et non pas des causes, et là, le monde serait amené à se pencher sérieusement sur ce qui se passe dans cette région. C'est une guerre au peuple palestinien qui est ainsi menée depuis des décennies et il en est qui considèrent qu'Israël agit en position de légitime défense, ou encore comme on le dit à Prague, mène des actions défensives. C'est pourquoi, le mouvement palestinien Hamas a qualifié hier de « farce » l'incapacité du Conseil de sécurité de l'ONU de s'entendre sur un texte, appelant à la fin des hostilités à Ghaza. « Ce qui s'est passé au Conseil de sécurité est une farce qui montre l'ampleur de la domination sur ses décisions exercée par l'Amérique et l'occupant sioniste », a déclaré le porte-parole du Hamas Fawzi Barhoum. Le Conseil de sécurité « a confirmé son alignement sur les positions de l'occupant et lui a donné une chance pour poursuivre son massacre à Ghaza », a ajouté M. Barhoum qui a en outre « condamné » la position de la présidence de l'Union européenne, assurée par la République tchèque, affirmant qu'elle était « partiale et cautionnait la poursuite des crimes commis par l'occupant à Ghaza ». Le Premier ministre tchèque, Mirek Topolanek, avait estimé que l'agression était « plus défensive qu'offensive ». Quant à l'instance onusienne, elle a discuté pendant quatre heures de cette situation sans pouvoir s'entendre sur un texte appelant à un arrêt des hostilités, essentiellement en raison de l'intransigeance des Etats-Unis. Cette séance de consultations avait été demandée d'urgence par la Libye, seul membre arabe du Conseil, après le déclenchement de l'offensive terrestre israélienne dans la bande de Ghaza. Mais d'entrée, les Etats-Unis avaient fait savoir qu'ils ne souhaitaient pas voir cette réunion déboucher sur un « produit » (résolution ou déclaration formelle), ont indiqué des diplomates. « Il n'y a pas eu d'accord entre les membres du Conseil », a déclaré à la presse à l'issue de la réunion l'ambassadeur de France à l'ONU, Jean-Maurice Ripert, qui préside le Conseil en janvier. L'ambassadeur américain adjoint, Alejandro Wolff, a indiqué avoir attiré l'attention sur « la véritable cause des violences actuelles, c'est-à-dire les tirs de roquettes par le Hamas » contre Israël. Il est difficile, voire impossible, de s'attendre à autre chose, les Etats-Unis s'étant toujours opposés à toute condamnation d'Israël, mais tout en qualifiant le Hamas de mouvement terroriste. Et d'ajouter que les efforts des Etats-Unis « visent à établir un cessez-le-feu durable, fiable, qui soit respecté par tous et cela implique la fin des tirs de roquettes, la fin des trafics d'armes et le début d'une réouverture des points de passage aux termes de l'accord de 2005 ». « Il est important qu'on ne revienne pas au statu quo ante, où le Hamas pourrait continuer à lancer des roquettes à partir de Ghaza et condamner la population de Ghaza à une vie de misère », a ajouté M. Wolff, reprenant les termes d'un communiqué publié samedi par le département d'Etat. Il y a lieu de préciser que les Palestiniens n'ont pas choisi cette vie. Elle leur a été imposée par l'occupant comme l'attestent de nombreuses organisations y compris israéliennes, lesquelles n'ont pas manqué de faire le rapprochement avec l'apartheid. Dimanche dernier au début de l'agression israélienne, le Conseil de sécurité avait adopté une déclaration, non contraignante, appelant à la fin des hostilités. Un appel sans écho. Il a toujours sur sa table un projet de résolution déposé par la Libye au nom du groupe arabe et appelant à un arrêt des violences à Ghaza. Mais visiblement, personne ne veut d'un tel cessez-le-feu, car il contrarierait les plans israéliens. Toute la question est là, même au prix d'une campagne d'extermination des Palestiniens. Et il est qui disent que c'est une guerre contre Hamas, avec au besoin un exercice bien macabre, celui d'identifier les victimes et établir la distinction entre combattants et civils. C'est véritablement une faillite du système des Nations unies.