La journée du 4 janvier a été particulièrement chaude à Nouakchott, qui s'est réveillé en 2009 avec un avenir difficile à cerner. Mauritanie. De notre envoyé spécial Le mercredi 31 décembre 2008 déjà, un cocktail Molotov explosait devant l'ambassade d'Israël sans faire ni dégâts ni victimes, pendant que s'ouvraient les Etats généraux, journées de concertation destinées à régler la crise politique en Mauritanie issue du putsch du général Mohamed Ould Abdelaziz du 6 août 2008 et la destitution du président démocratiquement élu, Sidi Ould Cheikh Abdellahi. Pendant que la population suivait d'un œil distrait les négociations entre les différents partis et courants réunis au Palais des congrès, hier dès le matin, la population envahissait le centre-ville pour protester contre les attaques israéliennes sur Ghaza. Les étudiants profitaient du premier jour de la rentrée universitaire pour manifester, rejoints immédiatement par des centaines de Mauritaniens près de l'ambassade de Palestine à Tevragh Zeïna. En tentant de rejoindre l'ambassade d'Israël, située dans le même quartier mais dans un secteur plus huppé et beaucoup mieux protégé par l'armée, les manifestants se sont retrouvés bloqués par la police antiémeutes, qui a utilisé la force et des grenades lacrymogènes pour disperser la foule. S'en est suivie une confrontation avec jets de pierres, pneus brûlés sur la voie, provoquant la panique chez les commerçants qui ont baissé rideau et chez les citoyens qui ont préféré quitter le quartier. A 13h, on dénombrait plusieurs blessés et des arrestations. A la fin de la manifestation, le centre-ville était bloqué, de même que les accès menant à l'ambassade d'Israël et à celle des Etats-Unis. Première République islamique d'Afrique, la Mauritanie est la première du Maghreb à avoir ouvert une ambassade d'Israël en 1999, sous le règne de Mouawiya Ould Taya, pour attirer les faveurs de l'Amérique. Au dernier jour des assises et des conclusions attendues aujourd'hui pour la sortie de crise et l'organisation d'élections présidentielles fixées pour le 30 mai 2009, le général Mohamed Ould Abdelaziz se serait déclaré candidat d'après le leader de la principale formation politique, le RFD du frère de Mokhtar Ould Daddah, père de l'indépendance mauritanienne, qui exigeait un retrait de l'armée du champ politique pour prendre part au dialogue initié par le général au pouvoir. Vers 18h, hier soir, tout le monde craignait une reprise des manifestations pour Ghaza, avec le risque de voir se mêler les partisans du président Abdellahi déchu.Les Mauritaniens sont nombreux à réclamer par ailleurs la fermeture de l'ambassade d'Israël, une question difficile à gérer pour le général Ould Abdelaziz, qui a besoin de légitimité populaire en ces temps difficiles.