Fidèle à son image de trouble-fête, le Djihad islamique, mouvement radical palestinien qui ne participe pas aux élections législatives du 25 janvier, a essayé de porter un coup fatal à cet important rendez-vous électoral, en envoyant un de ses militants se faire exploser jeudi en plein cœur de Tel-Aviv. Cette opération s'est soldée par la mort du kamikaze, Sami Antar, âgé de 22 ans, originaire de la région de Naplouse en Cisjordanie occupée, qui n'a réussi qu'à blesser 19 Israéliens. Selon les premiers éléments de l'enquête, le kamikaze est entré dans une buvette de l'ancienne gare routière avant d'actionner la charge explosive de faible puissance qu'il portait sur le dos. « Cet attentat vise à saboter les élections et les efforts déployés par l'Autorité » pour assurer leur bon déroulement, a déclaré le président palestinien Mahmoud Abbas, soulignant qu'il fallait « punir ces renégats qui brisent le consensus national ». Le dernier attentat suicide en Israël, également revendiqué par le Djihad islamique, remonte au 5 décembre à Netanya, au nord de Tel-Aviv et avait tué cinq Israéliens. C'est le premier perpétré en Israël depuis la fin de la trêve respectée jusqu'au 1er janvier par les groupes armés palestiniens, et le premier depuis que le Premier ministre par intérim Ehud Olmert a pris ses fonctions, suite à l'hospitalisation le 4 janvier d'Ariel Sharon. Cet attentat a bien sûr été condamné par la communauté internationale, à sa tête les Etats-Unis et la France. Le Haut représentant de la politique étrangère et de sécurité commune (PESC) de l'Union européenne, Javier Solana, a appelé Israéliens et Palestiniens à ne pas laisser l'attentat-suicide perturber les législatives palestiniennes. Il a souhaité que chacun « oublie les actes terroristes et donne une chance à la vie politique ». « Les élections sont le seul moyen civilisé que les pays ont pour s'exprimer », a-t-il insisté. « Nous, au sein de l'Union européenne, continuerons à aider ceux qui veulent la paix dans deux Etats », israélien et palestinien. Par ailleurs, des soldats israéliens ont tué par balles jeudi soir un Palestinien qui allait lancer un cocktail Molotov (bouteille incendiaire) sur une grande route du sud de la Cisjordanie. Ce décès porte à 4934 le nombre de tués depuis le début de l'Intifadha d'El Aqsa en septembre 2000. Plus des trois quarts des victimes sont palestiniennes. Du côté palestinien, à trois jours des élections législatives, la fièvre électorale monte graduellement. A ce jour, la campagne électorale se poursuit dans un climat calme. Dans ce cadre, aucun incident sécuritaire important n'a été signalé. Les différents protagonistes se suffisent de présenter leurs programmes politiques, lorsqu'ils en possèdent. Les deux principaux outsiders sont bien sûr le Fatah, mouvement du président Abbas, au pouvoir depuis la mise sur pied de l'autorité palestinienne suite aux accords d'Oslo entre Israël et l'olp en 1993 et le Hamas, mouvement radical palestinien qui a vu le jour au cours de la première Intifadha, à la fin des années 1980, qui jouit actuellement d'une très grande assise populaire. Aujourd'hui, les sondages le créditent de quelque 30% des suffrages contre 40% pour le Fatah, et les différentes élections municipales organisées l'année dernière confirment sa percée. N'ayant jamais reconnu l'existence de l'Etat d'Israël, exigeant la libération de toute la Palestine historique, certains de ses dirigeants n'excluent plus actuellement de dialoguer un jour avec Israël. C'est la grande et principale métamorphose découlant de cette lutte pour le contrôle du prochain conseil législatif palestinien. Les Etats-Unis et l'Union européenne ont laissé entendre qu'une victoire du Hamas dans les urnes pourrait aboutir à une réduction de l'aide financière pourtant cruciale qu'ils apportent aux autorités palestiniennes. « Il est très difficile d'envisager que des partis ne condamnant pas la violence puissent à l'avenir devenir des partenaires sans modifier leur position », soulignait le mois dernier Javier Solana. L'Union européenne a versé en 2005 plus de 340 millions de dollars à l'Autorité palestinienne.