Initiée par Nicolas Sarkozy, la réforme de l'audiovisuel français est entrée en vigueur lundi dernier. Paris. De notre bureau Elle concerne les chaînes du service public comme F2, F3, F4 et F5 qui ont vu ses publicités supprimées définitivement de 20h à 6h. La réclame devrait disparaître totalement et définitivement des écrans publics en décembre 2011. Officiellement, c'est pour soustraire le service public de la concurrence télévisuelle et lui éviter de courir derrière l'audimat au détriment des programmes de qualité. Mais pour les journalistes et syndicats, c'est encore un cadeau offert par Sarkozy aux télévisions privées comme TF1 et M6, qui vont voir leurs recettes publicitaires augmenter. Au total, ce sont près de 800 millions d'euros que les chaînes publiques vont perdre avec la fin de la publicité. De nombreux postes d'emploi sont également menacés, notamment au sein de la régie publicitaire. Il n'y a pas que cela. Le futur PDG de France Télévision sera désormais nommé directement par le Président, alors que cette prérogative revenait dans le passé au Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA). Pour le Parti socialiste (opposition) qui a déposé plusieurs centaines d'amendements contre la loi au Parlement, cette réforme ouvre bel et bien le retour à l'ère de l'ORTF (Office de la radio télévision française). Certains députés, pour dénoncer la mise au pas de la télévision publique par la droite, préfèrent parler de l'ORTS (Office de radio télévision de Sarkozy). Inquiets, les journalistes et les professionnels de la publicité du service public ont observé plusieurs journées de grève. La dernière remonte à lundi dernier, où les journaux du soir de France 3 n'ont pas été diffusés. Les journalistes craignent une vague de licenciements due notamment au manque de ressources. Pour remédier à ce manque d'argent frais, Nicolas Sarkozy a indiqué que la suppression de la publicité sera financée en partie par « une taxe sur les recettes publicitaires accrues des chaînes privées et par une taxe infinitésimale sur le chiffre d'affaires de nouveaux moyens de communication, tels que la téléphonie mobile et l'accès à internet ». Mais, d'ores et déjà, les gros fournisseurs d'accès internet ont menacé de revoir à la hausse les prix des abonnements pour récupérer leurs pertes, tandis que les usagers ont averti les autorités publiques contre toute augmentation de la redevance télévision, estimée actuellement à 116 euros (environ 1,5 million de centimes de dinars par an). Alors que la loi devrait être examinée par le Sénat à partir de mercredi prochain, les syndicats de France Télévision ont déjà appelé les salariés à une grève de 24 heures ce même jour. De leur côté, les Français qui regardent en moyenne la télévision trois heures par jour craignent que les programmes de qualité, notamment les enquêtes et les reportages, ne disparaissent tout simplement pour laisser place à des émissions populaires sans grand intérêt. A l'image par exemple de la pièce de théâtre Oscar réécrite par Bernard Tapie et diffusée dans la soirée du 25 décembre dernier. Les critiques craignent désormais que le président de la République ne devienne directement le rédacteur en chef de France Télévision. A l'image de ce qui se passe en Algérie et dans d'autres républiques bananières…