Les réseaux sociaux se sont emparés de la dernière campagne anti-féministe incitant les pères, époux et frères à obliger leur filles, épouses et sœurs à porter le hidjab. Une campagne pour obliger les Algériennes à porter le voile est menée ces derniers jours. Ses initiateurs sont relayés sur les réseaux sociaux. Ils se montrent d'une rare virulence : «Sois un homme et ne laisse pas ta femme/tes filles sortir sans tenue légale (hidjab).» Le message partagé par des milliers d'internautes promet, dès le début du mois de Ramadhan, «le calvaire» aux femmes qui s'aviseraient de sortir en tenue «non légale». «Si elles ne se couvrent pas, nous allons être sans pitié. Nous allons les prendre en photo et les publier sur le web pour que cela leur serve de leçon», promettent les auteurs de ces messages, qui rappellent les menaces des terroristes et leurs relais politiques durant les années 1990. Dans le même contexte, d'autres discours véhiculés pour la même campagne passent à un degré supérieur en matière de violence des châtiments promis aux récalcitrantes. «Nous allons les (les femmes non voilées) défigurer en déversant de l'acide sur leur visage. Comme ça elles seront obligées de le cacher et de se terrer complètement chez elles», peut-on lire sur des posts favorables à cette campagne largement commentée sur facebook. Des commentaires qui font froid dans le dos témoignent de la haine et de la détermination de ces fanatiques à imposer leur opinion, quitte à passer à la violence physique. Il y a à peine un mois, une jeune étudiante en droit de l'université d'Alger a été interdite d'accès à son examen par les agents de sécurité ayant jugé sa jupe «trop courte». Une polémique avait suivi cet incident, sur la longueur de la jupe tolérée dans l'enceinte universitaire, sans que cela suscite la moindre réaction des responsables du secteur de l'enseignement supérieur ou les associations estudiantines. L'interdiction d'accès à la jeune fille a été minimisée et mise sur le compte des règles de la décence imposées à tous les étudiants. Aucune mise au point n'a été faite par les responsables du secteur, qui ont délégué ainsi l'autorité de déterminer la décence ou pas des habits des étudiants aux agents de sécurité. La longueur de la jupe et la campagne de «hidjabisation» de la femme algérienne enflamment la Toile. Des internautes s'inquiètent de la remontée de l'intégrisme, dans l'indifférence des pouvoirs publics. Doit-on rappeler dans ce contexte l'annulation de l'instruction de Amara Benyounès concernant la vente en gros des boissons alcoolisées. C'est suite à une mobilisation sur le web que les pouvoirs publics ont décidé de faire machine arrière, de céder devant les initiateurs de cette campagne et de soumettre de nouveau ce commerce à une autorisation préalable. DGSN : «Les Algériennes doivent déposer plainte» La Direction générale de la Sûreté nationale (DGSN) assure que «des enquêteurs sont engagés pour suivre tout ce qui est lié à ce type de campagne. Nos enquêteurs se sont saisis de ces affaires qui ciblent les femmes.» Le responsable de la cellule de communication de la DGSN, M. Laroum, rappelle que le code pénal consacre plusieurs articles à la protection des Algériens contre la cybercriminalité. La DGSN appelle au signalement de toute agression qu'elle soit physique, verbale ou virtuelle (photos personnelles diffusées sans autorisation). Le dépôt de plainte (même si elle est retirée après) est systématiquement suivi par une enquête minutieuse des services concernés. «Il faut que les Algériennes apprennent à saisir le procureur quand elles se sentent menacées», souligne la DGSN. «La police algérienne dispose des moyens humains et techniques lui permettant de détecter les infractions à la législation en vigueur et de traquer leurs auteurs.» M. Laroum assure que pour le mois de Ramadhan, en plus du plan Azur qui sera en vigueur, un plan spécial sera déployé pour sécuriser les lieux publics.