Le Collectif des médecins résidents algériens (Camra) a décidé le gel de sa grève et la reprise du service à partir d'aujourd'hui, à l'issue de la réunion de ses délégués tenue au CHU Salim Zemerli (Alger). «Conscients de notre responsabilité à nous montrer proactifs dans le règlement satisfaisant de cette situation, qui voit l'avenir de milliers de résidents engagé, et afin de permettre le rétablissement du dialogue avec nos deux ministères de tutelle, après concertation et vote majoritaire, nous venons une fois de plus témoigner de notre bonne foi en appelant l'ensemble des médecins résidents au gel de la grève à partir du dimanche 24 juin», précise un communiqué rendu public hier, en fin de soirée. En grève depuis sept mois, les résidents, usés par un long mouvement marqué par plusieurs actions (marches, sit-in, rounds de négociation), reprennent les activités hospitalières pour favoriser le dialogue avec la tutelle. Tout en réaffirmant leur disponibilité «à la discussion et au règlement honorable de la crise», les résidents déclarent ne pas renoncer à leurs revendications qu'ils veulent formuler «avec pragmatisme». «Des solutions existent, nous en sommes convaincus, et doivent pouvoir s'articuler dans une démarche nouvelle avec l'exigence d'une sortie de crise rapide, garantissant la protection des droits de tous», précise le communiqué. La décision du bureau national intervient après un mois difficile qui a mis à rude épreuve les nerfs des grévistes et de leurs délégués. Mardi 13 juin, un appel à la reprise de l'activité de garde a été lancé par le Camra à l'initiative «unilatérale» de certains délégués d'une faculté du Centre, sans obtenir, protestent leurs détracteurs, l'avis des autres membres du BN, instance exécutive du Camra, et sans l'aval des grévistes, qui ont évoqué les «interférences d'intermédiaires qui ont voulu forcer la main à certains délégués». Déçus par la fin de non-recevoir de la tutelle, les délégués ont annulé leur décision «jusqu'à nouvel ordre, tout en demeurant disposé à toute négociation permettant un dénouement de la situation», précise leur communiqué. Finalement, le collectif a décidé, après les réunions de ses délégués et quelques AG dans certaines facultés, de «geler» carrément le mouvement, espérant que leurs deux tutelles, particulièrement la Santé, décident de dialoguer. Des questions se posent sur la validation de l'année pédagogique après huit mois sans cours ni stages. «La tutelle a la possibilité de choisir entre déclarer l'année blanche ou ‘‘faire réussir'' les étudiants. Pour le premier cas, la situation doit nécessairement concerner tout le monde, et le ministère ne doit pas laisser le choix aux chefs de service, qui peuvent faire réussir certains et échouer d'autres. S'agissant de la seconde probabilité, il faut savoir que les étudiants ne suivent pas en temps normal des cours. Et puis le mouvement a annoncé d'abord des débrayages cycliques avant d'appeler à une grève illimitée», signale un délégué du bureau local du Camra, qui précise que les comités pédagogiques régionaux des spécialités réunis ne tranchent pas la question. L'autre problème qui se pose aux étudiants est celui de l'examen de diplôme d'études médicales spécialisées (DEMS), une session de rattrapage étant prévue pour début juillet, comme annoncé par le ministère de l'Enseignement supérieur. «Le DEMS dans sa configuration actuelle doit être revu. Un étudiant qui a un cursus de 4 ans doit attendre jusqu'à janvier pour passer son examen et la session de rattrapage, alors que son cursus s'est achevé plus de six mois auparavant», enrage le délégué, qui estime que le suivi des cours n'a jamais été assuré dans les services. Les délégués du Camra espèrent l'ouverture des négociations avec les tutelles, juste après la reprise de l'activité, comme promis à plusieurs reprises par le ministre de la Santé, le Pr Mokhtar Hasbellaoui.