Les résidents en sciences médicales ont à nouveau laissé entendre mercredi dernier qu'ils sont prêts à reprendre les chemins de la contestation devant l'absence de réaction et le « mutisme » du ministre de la Santé, après qu'ils ont décidé la semaine dernière de geler leur mouvement de contestation. Devant le «silence» des ministères de la Santé et de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, ils ont menacé de recourir de nouveau à la grève pour faire aboutir leurs revendications. Dans un communiqué diffusé mercredi dernier, le Collectif autonome des médecins résidents algériens (Camra) a rappelé que les médecins résidents ont «gelé leur grève en signe de bonne volonté après la déclaration du ministre (de la Santé, Ndlr) promettant des solutions concrètes s'il y a une reprise du travail des résidents ». Dans son communiqué, le Camra rapporte que «les résidents ont fait face, à leur reprise, à des menaces de sanctions anarchiques dans certaines spécialités et services ». En effet, selon des sources proches du Camra, des intimidations ont été exercées sur les résidents à leur reprise de travail, ainsi que des menaces de sanctions pour «abandon de poste» et des licenciements. Au service de médecine physique et réadaptation de Tixeraïne, dans la wilaya d'Alger, des résidents ont été empêchés de reprendre le travail par leur chef de service. Mêmes tracasseries et humiliations à Sidi Bel-Abbès, où six résidents du service de radiologie ont été envoyés en conseil de discipline et tous les résidents du service de chirurgie infantile vont subir le même sort sous prétexte d'abandon de poste, selon des délégués du Camra. «Aujourd'hui à Sidi Bel-Abbès nous avons fait un sit-in, qui a rassemblé 250 à 300 résidents. Nous avons essayé de parler avec l'administration mais ils ont fermé les portes», selon un médecin qui a indiqué dans des déclarations à la presse que «ces manœuvres sont entreprises par des personnes hostiles au ministre de la Santé, et visent à empêcher la résolution du conflit ». Les mêmes intimidations qui ne participent pas à l'apaisement ont été constatées dans d'autres centres hospitaliers et universitaires (CHU) provoquant la colère des médecins résidents. Dans son communiqué de mercredi dernier, le Camra dénonce ces «menaces, accompagnées par un mutisme incompréhensible des deux ministères qui n'ont entrepris aucune démarche pour aboutir à une résolution de la crise». Dès lors, le Camra rappelle que le gel de la grève «est conditionné par un dialogue objectif et des solutions concrètes», comme il réaffirme «la détermination des résidents face aux menaces et sanctions -y compris l'arbitraire auquel font face nos confrères candidats au DEMS et en première année- à faire preuve de solidarité indéfectible et la volonté d'avoir un sort commun. » à l'appel du Camra, les résidents ont observé jeudi dernier des sit-in dans les CHU pour dénoncer les «vexations» et le «silence» des ministères de la Santé et de l'Enseignement supérieur. Dans la foulée, des assemblées générales se tiendront lundi prochain, a annoncé le Camra, «dans chaque faculté afin de discuter et décider de la suite de notre mouvement». Une décision de reprise de la protestation n'est pas à exclure si aucun geste positif ne vient des deux ministères pour calmer la situation. La semaine dernière, au moment du vote des délégués nationaux du Camra pour le gel de la grève, un délégué national a expliqué à Le Quotidien d'Oran que «s'il y aura une décision pour la reprise du travail dans les CHU par les résidents, ce sera un geste de bonne volonté du Collectif», «ensuite, on attendra la réaction du ministre». « S'il y a reprise du travail, on attendra ensuite la réaction du ministre, qui doit proposer quelque chose, comme il l'a promis», a précisé le Dr Hamlaoui. «En tout cas, on va voir s'il tient ses promesses», a-t-il ajouté. En effet, le ministre de la Santé, le Pr Mokhtar Hasbellaoui, avait conditionné la reprise des discussions avec le Collectif au retour à leur poste de travail des médecins résidents. Il y a une quinzaine de jours, il avait affirmé dans des déclarations à la presse que «les médecins grévistes doivent d'abord arrêter la grève. Je précise qu'il ne s'agit pas de reprendre uniquement les gardes de nuit et durant les week-ends, mais de renouer avec l'activité hospitalière habituelle. Autrement dit, je ne les recevrai pas tant qu'ils seront en grève». Selon lui, «le ministère n'a jamais tourné le dos aux doléances des résidents. Nous avons toujours répondu favorablement aux appels de dialogue de l'ensemble des professionnels de la santé, pas uniquement des résidents en sciences médicales. Depuis mon arrivée au département de la Santé, j'ai toujours privilégié la voie du dialogue, et rien d'autre». Dès lors, «la balle est dans le camp des résidents. Ils reprennent juste l'activité hospitalière et sont les bienvenus pour formaliser l'ensemble des solutions proposées», a-t-il ajouté. Mais, jusqu'à présent, une semaine après la reprise chaotique du travail par les résidents, avec des manœuvres vexatoires dans certains CHU, il n'y a eu aucune réaction du ministre de la Santé. Un silence qui risque de faire retourner la situation à la case départ.