Une note datant du 2 juillet de la direction de la Pharmacie fixe au 4 juillet la date limite de dépôt des programmes prévisionnels de 2018 pour les produits pharmaceutiques finis avec les nouvelles quantités accordées par le ministère de la Santé. Censés être libérés entre janvier et février 2018, les programmes prévisionnels d'importation de médicaments pour l'année en cours toutes classes thérapeutiques confondues commencent à peine à être validés et remis aux entreprises pharmaceutiques avec un retard de plus de trois mois et des quantités réduites de plus de la moitié. Ce qui couvrira en fait les six prochains mois sans pour autant assurer les trois mois de stock exigé par la loi. Une note datant du 2 juillet de la direction de la Pharmacie fixe au 4 juillet la date limite de dépôt des programmes prévisionnels de 2018 pour les produits pharmaceutiques finis avec les nouvelles quantités accordées par le ministère de la Santé. Au-delà de cette date, c'est-à-dire aujourd'hui, seuls les programmes prévisionnels d'importation devant répondre à des bons de commandes émanant des établissements hospitaliers seront pris en considération. «Une façon d'obliger les opérateurs à redéposer les programmes avec les quantités fixées par la direction de la pharmacie sans leur permettre ni de négocier ou rediscuter les quantités malgré les recours introduits», regrettent les opérateurs de la pharmacie, qui estiment qu'une telle décision doit être prise sur la base de règles bien définies et transparentes. «Malheureusement, ce n'est pas le cas. Sous prétexte de l'encouragement de la production nationale, le ministère de la Santé décide d'arrêter l'importation alors que certaines entreprises locales n'ont même pas encore déposé les trois lots de validation pour la fabrication du produit, tel qu'exigé par la réglementation. Il semble que le dépôt d'un dossier pour fabrication suffit aux yeux des responsables de la direction générale de la Pharmacie pour interdire l'importation des produits», s'indignent les opérateurs. «Parfois, on (le ministère de la Santé) ne sait même pas si ce producteur a réellement les capacités nécessaires pour couvrir une part du marché. D'ailleurs, de nombreux médicaments sont actuellement en rupture, que ce soit pour le princeps ou le générique. Lequel est censé dans certains cas être fabriqué n'a malheureusement pas pu couvrir cette période de rupture. A quelle logique répond cette politique ?», s'interroge un opérateur en pharmacie. «Sur un de mes produits, on a accordé que 25% du volume de ce qui a été consommé l'année dernière. On ne comprend pas cette diminution des quantités, puisque qu'il n'y a pas pour le moment de générique sur le marché. Même si c'est le cas, mon produit est en rupture depuis septembre 2017, pourquoi le produit générique n'a pas couvert toute cette période de rupture ?» s'interroge un autre opérateur qui regrette que de nombreux malades se démènent pour acheter leurs médicaments en France, en Tunisie et en Turquie. La tutelle interpellée par la Fédération du médicament Saluant la volonté des autorités à encourager la production nationale à travers l'interdiction d'importation et la régulation des produits fabriqués localement, la Fédération algérienne du médicament (FAM) – regroupant l'UNOP, le Snapo et l'Adpha – a, dans une lettre adressée au ministère de la Santé, rappelé que sans la mise en place de mesures de précaution risque de mettre en péril la disponibilité des médicaments. La FAM regrette que le comité de veille installé depuis quelques mois n'a pas, jusque-là, pris les mesures appropriées au phénomène des ruptures. «Les raisons à la base des ruptures observées renvoient le plus souvent à une insuffisance de l'offre disponible de produits mis sur le marché. Cela est d'autant plus compréhensible que, au moment où l'approvisionnement est soumis à quelques restrictions, la demande nationale en médicaments, pour sa part, devrait suivre au moins la croissance démographique et s'appuyer sur des éléments statistiques factuels», a rappelé la FAM. Et de signaler qu'à cela s'ajoutent «les distorsions inhérentes à une forme d'exclusivité conférée indirectement à certains producteurs nationaux, à travers l'allocation des programmes d'importation. Outre les risques auxquels les aléas du processus de production et l'environnement local peuvent exposer l'approvisionnement du marché en médicaments indispensables, cette situation finit par induire sur le terrain des comportements de monopole qui faussent la concurrence et favorisent des pratiques néfastes, comme la vente concomitante ou la pression sur les distributeurs et les pharmaciens d'officine». De son côté, le président de l'Union nationale des opérateurs de la pharmacie (Unop), le docteur Abdelouahed Kerrar, estime qu'une conciliation est possible entre l'objectif d'encouragement de la production locale et celui de la sécurisation de la disponibilité des médicaments. «Cette période devrait être saisie par les producteurs pour prendre des parts de marché, d'améliorer les standards de qualité et de développer leur production», recommande-t-il.