La FAM rappelle que l'organisation a alerté, depuis plusieurs semaines déjà, de la persistance de ruptures et de tensions sur certains médicaments essentiels. A une semaine de la réunion du comité de veille sur les ruptures des médicaments au niveau du ministère de la Santé, la Fédération algérienne des médicaments (FAM), conviée à cette rencontre, sort de sa réserve et menace. Dans un communiqué rendu public hier signé par les membres de la FAM, en l'occurrence le Syndicat national des pharmaciens d'officine (Snapo), l'Association algérienne de distributeurs de médicaments et l'Union nationale des opérateurs de la pharmacie (UNOP), la Fédération rappelle que l'organisation a alerté, depuis plusieurs semaines déjà, de la persistance des ruptures et des tensions sur certains médicaments essentiels, alors que «les recommandations du comité de veille sur les ruptures à même de garantir fluidité, transparence et disponibilité ont été complètement occultés», s'offusque la FAM. Elle tient à rappeler que le phénomène des ruptures a pour origine essentielle un déficit croissant de l'offre sur le marché face à une demande importante. Un déficit qui trouve son explication, précise la FAM, d'une part par les restrictions appliquées en amont sur les autorisations d'importation des médicaments finis. «Dans un contexte de carence de statistiques exhaustives, fiables et accessibles en temps réel, de même d'un dispositif affiché de responsabilité pharmaceutique sur les produits mis sur le marché, sont autant d'éléments qui contribuent à brouiller la visibilité de tous les intervenants, autorités publiques incluses, sur l'état réel des disponibilités des médicaments sur le marché», relève la FAM. Et de déplorer l'absence de procédures claires, précises et cohérentes régissant avec efficacité l'interdiction des importations des produits fabriqués localement. Les membres de la FAM qui se réjouissent de la politique portant protection de la production locale exigent, en effet, que «cette politique soit balisée sur le terrain par des règles claires, notamment s'assurer de la capacité effective des producteurs concernés à assurer leurs engagements, de la qualité effective de leurs produits et de la garantie d'une prise en charge fluide et continue des besoins du marché national». Et de mettre en garde contre les pratiques commerciales illégales provoquant des situations de monopole – générées par des exclusivités du marché national pour un produit donné pour un seul fabricant – que les pouvoirs publics tentent de combattre. Pratiques malsaines «Connaissant les aléas propres à tout processus de production, de telles exclusivités sont assimilables à des menaces permanentes pesant sur la disponibilité sur le marché interne», dénonce la FAM qui estime que ces pratiques malsaines, comme la rétention de produits ou la vente concomitante «ne sont pas pas à l'origine du phénomène des ruptures, elles sont plutôt la conséquence directe. Il est bien connu qu'elle profilèrent à l'ombre de chaque pénurie, sachant que l'offre est nettement inférieure à la demande et les stocks de sécurité sont parfois nuls». La FAM dégage toute responsabilité et estime que «si les réunions du comité de veille devaient rester purement formelles et si les conclusions de nos débats ne devaient avoir aucun effet sur les décisions finalement prises, c'est sur l'opportunité de notre participation que nous aurons à nous interroger», menace la FAM, tout en étant convaincue que l'application de ses recommandations «permettra de traiter sur une base structurelle tous ces problèmes récurrents de disponibilité et d'éviter de diaboliser la corporation du médicament, dont chacun sait qu'elle est l'allié naturel et incontournable de toute la politique nationale de santé publique». Elle estime qu'il est «peu pertinent de désigner une corporation ou une autre comme responsable d'une situation qui la dépasse et dont elle subit les répercussions au quotidien.»