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Edito : Jeunes et moins jeunes ne savent peut-être pas qu'en fait c'est le 3 juillet que la France a reconnu l'indépendance de l'Algérie
Publié dans El Watan le 06 - 07 - 2018

En toute sincérité, il est légitime de se demander si on a simplement interrogé la jeune génération sur le 5 juillet. On peut se dire que ceux qui vont à l'école, au collège et au lycée ont eu au moins un cours sur la guerre de Libération nationale et le 5 juillet. Mais il est vrai que l'oubli fait son œuvre.
Reste à savoir ce qu'ils ont retenu ! Le minimum, c'est de savoir que le 5 juillet 1962 est la célébration de la fête de l'indépendance.
Mais jeunes et moins jeunes ne savent peut-être pas qu'en fait c'est le 3 juillet, prenant acte des résultats du référendum du 1er juillet, que la France a reconnu l'indépendance de l'Algérie.
Le Gouvernement provisoire de la République algérienne (GPRA), à sa tête le président Benyoucef Benkhedda, est entré à Alger le 4 et d'immenses manifestations ont eu lieu en Algérie et surtout à Alger.
Enfin, on ne peut pas leur en vouloir d'ignorer, comme l'immense majorité des Algériens, ce qui s'est passé à Oran ce jour-là. Mais, personnellement, je regrette que l'on oublie la date du 5 juillet 1961. Ce jour-là, le GPRA avait appelé les Algériens à observer une grève pour protester contre la partition du pays.
Ce fut un large succès. Par contre, la date du 5 juillet 1830 est connue bien que plus lointaine. Cette date a été consacrée comme le commencement de la colonisation alors qu'elle est historiquement celle de la signature de la capitulation du Dey et de l'Etat.
Si vraiment la colonisation avait commencé radicalement à cette date, il faudra expliquer pourquoi il leur a fallu 15 ans pour arriver à Ténès, 17 ans pour arriver à vaincre l'Emir Abdelkader, 22 ans pour entrer en Kabylie. On peut multiplier les exemples.
Peut-on également leur reprocher de n'avoir pas de connaissances profondes de l'histoire de la guerre de Libération nationale ? C'est très certainement dommage, mais faut-il pour autant passer notre temps à les culpabiliser ?
Je me souviens qu'il y a plus d'une trentaine d'années, des étudiants m'avaient donné la date de 1964 ! Je me dois de rappeler que la fête nationale, c'est le 1er Novembre, pas le 5 juillet. Oublier et méconnaître le 1er Novembre, serait terrible.
Le 5 juillet étant la fête de l'indépendance et de la jeunesse, il revient aux autorités locales et nationales de le rappeler à la jeunesse. Il ne s'agit pas de revenir aux Algériades, mais il est possible de faire preuve d'imagination à la hauteur du XXIe siècle.
En ce qui concerne l'histoire enseignée, ce que je sais de ce que l'on peut apprendre à l'école, c'est qu'il est illusoire de croire qu'un élève doit absolument connaître tout sur tout. J'appartiens à ces générations à qui on a enseigné qu'il valait mieux avoir une tête bien faite qu'une tête bien pleine.
Le tout, le mieux, est qu'au sortir du CEM, un adolescent doit savoir se reconnaître dans l'histoire de son pays. Il n'est pas nécessaire de lui asséner que nous avons le plus beau pays du monde, ni la plus belle histoire. Il doit être capable de comprendre que ce qui s'est passé durant la guerre de Libération nationale s'inscrit dans l'histoire du monde, sauf qu'il a fallu à des militants d'avoir recours aux armes.
Ces militants ont su et pu mobiliser la plus grande majorité du peuple et le conduire à la victoire. Il ne s'agit pas d'approfondir les connaissances mais d'approfondir la manière d'accéder à la connaissance. Il s'agit de le conduire à se poser des questions, même les plus simplistes, de le conduire dans les lieux où se sont déroulés ces événements qui font l'histoire et pas seulement à faire des exposés à partir d'Internet.
J'avais appris que des films d'histoire ont ou devaient être diffusés dans les écoles et les lycées, c'est là assurément une excellente méthode.
Une image vaut mille mots. Enfin, cours d'histoire suffisants ou pas, je ne sais pas, mais pas de cours d'histoire sans cartes de géographie (pas ces minuscules timbres dans les livres), sans photographies, sans objets, sans sorties sur le terrain (visites dans les musées, sites archéologiques, archives), sans ouverture sur le monde.


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