Le wahhabisme commence à être combattu par ses géniteurs. L'Arabie Saoudite, en effet, s'est engagée dans une voie qui va permettre, peut-être, au peuple de ce pays de respirer un peu et comprendre, à l'avenir, ce que veut dire démocratie, liberté et modernité. Le puissant prince héritier Mohammed Ben Salmane a lui-même reconnu que l'intégrisme imposé par l'imam Abdelwahab est dépassé et que si son pays a financé son expansion à travers le monde, c'était à la demande des pays occidentaux, ce qui a eu des conséquences dramatiques dans la sphère arabo-musulmane en particulier. Malheureusement, sous d'autres cieux, cette idéologie obscurantiste continue à faire des dégâts. En Algérie particulièrement, elle donne l'impression de vouloir s'installer dans la durée. Donnant raison au défunt général-major Mohamed Lamari qui avait déclaré : «Nous avons battu militairement le terrorisme, mais pas politiquement.» A partir du début des années 2000, nous avons assisté à une politique d'encouragement de l'expansion de l'islamisme. Des chefs terroristes connus, profitant des lois scélérates imposées par le pouvoir, assistaient à des meetings politiques et des émirs comme Madani Mezrag se sont mis à glorifier leurs crimes sans être inquiétés. Le salafisme envahit l'espace public et devient de plus en plus arrogant et de plus en plus ostentatoire, au point que ses chefs saoudiens annoncent publiquement leurs représentants en Algérie, dirigés par un individu du nom de Ferkous, lequel est en plus un salarié de l'Etat. L'obscurantisme a envahi surtout l'éducation nationale et ne le cache pas du tout. N'a-t-on pas vu un étudiant refuser de recevoir un prix des mains de Nouria Benghabrit, la ministre de l'Education nationale, tout simplement parce qu'elle est une femme ? Personne, dans l'assistance, ne l'a remis à sa place. C'est d'ailleurs ce secteur qui est le plus ciblé par les militants wahhabites qui s'opposent à une école ouverte sur le monde et qui veulent renvoyer les Algériens au Moyen-Age. Dans cet esprit, ils répandent de surprenantes interprétations du texte coranique, duquel se sont emparés, par exemple, des commerçants pour l'évoquer afin d'arnaquer les citoyens. Dans le reportage d'une chaîne de télévision privée, des individus qui ont squatté des plages ont répondu aux journalistes : «C'est notre droit parce que Dieu interdit de se baigner gratuitement !» Ils étaient plusieurs à répéter cette étrange «fatwa». Car des fatwas qui violent les lois et portent atteinte au texte sacré sont malheureusement légion. Elles contribuent à abrutir les Algériens qui, désormais, se cachent derrière Dieu pour faire valoir leur point de vue. La régression est là. On ne sait pas où elle va mener le pays. Quand des trafiquants de drogue se mettent à financer la construction de mosquées sans que nos «oulémas» réagissent, il y a de quoi désespérer.