Le ministère de la Santé a mis en place, en coordination avec l'Institut Pasteur d'Algérie (IPA), un système de surveillance afin de gérer toute prolifération du moustique tigre. C'est ce qu'a déclaré, hier, le représentant de ce ministère lors d'une conférence de presse à laquelle ont pris part plusieurs chercheurs et cadres de l'IPA. Selon Slim Belkessam, conseiller au ministère de la Santé, la situation en Algérie quant à la prolifération de ce moustique, vecteur de plusieurs maladies, telles que le Chikungunya, la dengue et le Zika, n'est pas alarmante. Toutefois, elle nécessite une attention particulière afin d'éviter une hausse de la cote d'alerte. «La propagation de cet insecte a 5 niveaux d'alerte. Notre pays est au niveau 1 parce qu'il n'y a eu aucune atteinte de maladies propagées par ce moustique, explique notre interlocuteur. Sur tout le territoire national, il n'y a que des gîtes à faible densité dans 5 wilayas. Il s'agit des wilayas d'Alger, Tizi Ouzou, Jijel, Annaba et Oran. La situation est tout à fait maîtrisable mais nécessite une attention particulière afin d'éviter qu'elle arrive à des stades avancés. D'où justement ce système de surveillance lancé en coordination avec l'Institut Pasteur, ainsi que la collaboration scientifique entre cet établissement et l'Entente interdépartementale de démoustication du littoral méditerranéen (EID), un organisme français chargé de la lutte contre le moustique tigre.» Selon les représentants de l'Institut Pasteur, la présence du moustique tigre ne cesse de se propager d'un pays à un autre et d'une région à l'autre. Cet insecte qui est apparu en Algérie en 2010 dans quatre wilayas –Tizi Ouzou, Oran, Alger et Jijel – prolifère en zone urbaine et s'adapte facilement aux différents biotopes et ses œufs résistent longtemps à la dessiccation. C'est la raison pour laquelle l'unique solution, à défaut de la prévention, de détruire directement le foyer de ses œufs. Même les tentatives de démoustication opérées par Hurbal (l'établissement en charge de l'hygiène urbaine et de la protection de l'environnement dans la wilaya d'Alger), au cours de l'été 2016, se sont avérées momentanées. Cet insecte est réapparu, avec une forte densité en août 2017 au quartier Vieux Kouba, à Alger. Tous les efforts de cet établissement se sont avérés vains puisque ce moustique s'est propagé vers d'autres localités de la capitale, telles que Saoula, Kherassia et Hussein Dey. Parce que la propagation de ce type de moustiques est considérée par les services de l'IPA comme une véritable menace, plusieurs mesures sont prises, dont essentiellement la sensibilisation des citoyens. Ces derniers préparent sans le savoir les gîtes larvaires pour ces moustiques. Il s'agit de tout récipient ou réceptacle abandonné pouvant contenir de l'eau. Une campagne de sensibilisation à travers les différents médias est déjà lancée. Au même moment, l'Institut Pasteur continue son travail de surveillance entomologique à l'aide de pièges pondoirs qui servent à détecter les œufs du moustique. Ceci permettra de connaître sa densité dans les zones colonisées et l'impact de la démoustication. Ces services avertissent par contre la population d'utiliser seuls les traitements insecticides de confort préconisés pour réduire la nuisance. Il s'agit ici des insecticides utilisés à grande échelle et non à titre individuel. Ces insectes peuvent causer une résistance aux insecticides utilisés. Enfin, il est utile de savoir que ce moustique n'active pas la nuit, ni en plein jour, mais à l'aube ainsi que les quelques heures précédant le crépuscule. Il ne pique pas dans les maisons mais en extérieur. Lorsqu'il ne porte aucun virus, sa piqûre est anodine et ne cause aucun effet indésirable, sauf la réaction allergique ordinaire qui disparaît en quelques heures. Dans le cas de virus, des symptômes peuvent apparaître, telle qu'une fièvre ou une fatigue. Une consultation médicale est alors obligatoire, voire urgente.