«Eli ma andouch flouss famou massous…» Dans une société comme la nôtre, si la compétition vers le bien, le beau, l'agréable, l'utile, le mérite et le nécessaire est pratiquement absente, alors que par principe elle devrait être ininterrompue dans le quotidien de nos jours pour le commun des mortels que nous sommes, c'est parce que l'on ne pense plus à préparer nos jeunes, nos enfants, notre société d'aujourd'hui à affronter les embûches de la vie courante. L'habitude de la facilité dont nous nous sommes armés et dont nous nous sommes munis avec beaucoup de fausses adresses comme le laisser-faire, laisser-aller — «maâlich» «smahli», «c'est pas du tout grave», «khali alayk», «Allah ghaleb»... —tout cela conduit aux pires dérives quelquefois inimaginables. Les lieux de préparation des bonnes choses de la vie sont certainement l'école, la cellule familiale, mais aussi le contexte environnemental (politique, économique, social, culturel et sportif) ou le respect des biens communs, des règles de l'art et règles d'un Etat qui se dit «de droit» pour que justice et équité soient de mise. Revenons à l'école, cette noble institution qui devrait représenter un système scolaire innovant, intégré, et de là servirait à préparer l'enfant à l'élève, l'élève à l'étudiant, et l'étudiant au citoyen, en lui engrangeant une éducation pleine de sciences, de techniques, de valeurs et de morale, lui apprenant à affronter les difficultés et tous les obstacles possibles. Malheureusement, ce que l'on remarque le plus aujourd'hui, c'est la facilité qui a ratiboisé toutes sortes d'examens, par toutes sortes de moyens de «soudoiement» (corruption) tout est facile et possible, le positif égoïste (moi je connais quelqu'un) l'emporte sur tout, les sanctions sont devenues de plus en plus rares, sauf pour ceux qui ne connaissent pas ce «quelqu'un», car «smahli», «ma aaoudch», «ma dart hach bel aâni», je connais «quelqu'un» qui gommera cette infraction, mais ça coûtera tant !! Ces actes amicaux effacent la sanction et enfin gomment les difficultés et les obstacles qui forgent la qualité de l'effort de l'homme. Devant cet état factuel, on crée forcément des générations qui ne connaissent pas l'échec ni l'effort, car avec de l'argent ce n'est plus la peine de passer l'examen du permis de conduire comme tant d'exemples, avec du fric on achète facilement les agents de l'Etat du plus haut de la pyramide au plus bas de l'échelle, avec des sous tout est permis... et celui qui n'a pas de «flouss klammou messous»… Il est difficile maintenant de faire apprendre et comprendre aux jeunes d'aujourd'hui le sens de l'effort, de l'humilité, de l'abnégation et la simplicité. Cela devient aberrant quand cela relève de la logique. Ne dit-on pas que tout ce qui est logique n'est pas juridique ! Une année scolaire où les arrêts de cours, les grèves illimitées ne permettent pas d'accomplir convenablement le cursus scolaire, alors que le taux de réussite de la même année dépasse la norme de la règle de l'art. Le résultat, ainsi, cela commence par la 6e où le bon et le mauvais partagent le fruit de la réussite, la plupart des élèves obtiennent le brevet des collèges du moyen et la plupart obtiennent aussi le baccalauréat. La question devrait être posée, ces élèves ont-ils tous le niveau requis pour mener à bien des études dites «supérieures» ? Sinon, le tout juste moyen qui prédomine le plus, c'est le règne de l'autosatisfaction qui domine, le plagiat, la course vers la note de passage ou de réussite... Ces étudiants sont-ils prêts à affronter les difficultés de la vie juste après l'obtention du diplôme, sans aucun effort et aucun obstacle ? Sont-ils aptes et capables de juger de leurs compétences, de leur savoir ? Sont-ils à même de percevoir leurs manques, leurs défauts ? Ont-ils le sens de la modestie, celui de la volonté ? L'école de ces quatre paliers en général doit être un apprentissage consistant de la vie, de ses obstacles, elle doit donner le goût de l'effort et la saveur du sacrifice. Elle doit permettre d'être confronté à des difficultés pour mieux forger l'élève, l'étudiant et enfin l'homme, sinon le citoyen de demain. A force de gommer les difficultés de la vie de notre quotidien par le biais du laxisme, de la médiocrité et de l'incompétence, on risque de créer une génération inapte à affronter la réalité, éprouvant de la facilité à détériorer l'environnement en général, donc prête à la soumission à tous les maux.