La pose des premières canalisations du Nord Stream 2, visant à doubler le gazoduc existant par un nouveau reliant la Russie à l'Allemagne via la mer Baltique, a commencé en Allemagne, a indiqué le responsable d'une entreprise allemande cité par l'agence russe Sputnik, repris par l'APS. Cette nouvelle conduite sous-marine d'une capacité de 55 milliards de mètres cubes de gaz par an est estimée à près de 10 milliards d'euros. Le directeur administratif et financier de l'entreprise allemande Uniper, Christopher Delbruck, a affirmé lundi que le projet suivait son cours «malgré les difficultés politiques». Il a indiqué que «la pose des premiers tuyaux en Allemagne (…) a commencé fin juillet». Le service de presse de l'opérateur du projet Nord Stream 2 AG a précisé à l'agence Sputnik que les tuyaux étaient soudés à bord du navire Castoro 10, puis qu'ils étaient transportés à bord à l'aide d'un treuil pour les relier à la partie maritime du nouveau gazoduc. «Les travaux de préparation se poursuivent également dans les eaux de la Finlande et de la Suède», a-t-il également été souligné. Le chantier était censé démarrer en avril 2018. Mais le projet se heurte à une vive opposition des pays de l'Est, menés par la Pologne, qui considèrent que cette opération «pourrait conduire à une restriction de la concurrence et renforcer davantage la position de négociation de Gazprom, qui jouit déjà d'une position dominante en ce qui concerne la transmission de gaz à la Pologne». Gazprom et ses partenaires dans le projet (Engie, OMV, Shell et deux sociétés allemandes, Basf et Uniper) sont à l'inverse convaincus de la nécessité de ce projet pour le système énergétique européen, et les alliés européens du groupe russe étudient individuellement d'autres alternatives pour y contribuer. Pour leur part, les Etats-Unis tentent de tuer le projet dans l'œuf. Le 23 mai, le secrétaire d'Etat américain, Mike Pompeo, a déclaré que les Etats-Unis étaient prêts à «sauver» l'Europe de «sa dépendance» du gaz russe et a promis de «mettre en œuvre tous les efforts nécessaires pour que le projet de Nord Stream 2 ne voie jamais le jour». Le président américain, Donald Trump, est allé plus loin en qualifiant récemment l'Allemagne de «prisonnière de la Russie en raison de son implication dans le projet de doublement du gazoduc Nord Stream dans le but d'acheminer plus de gaz russe vers l'Europe». Il a également exigé l'abandon du projet. Le Sénat américain avait au départ adopté le 15 juin 2017 un projet de loi menaçant d'amendes, de restrictions bancaires et d'exclusion aux appels d'offres américains, toute société européenne qui participerait à la construction de pipelines russes.