Plus fréquente qu'on ne le pense, la maladie cœliaque ou intolérance au gluten constitue un vrai problème de santé publique. La prise en charge des malades est à vie, ce qui pourrait faire de ces patients, psychologiquement et socialement, des exclus. Considérée à tort comme sporadique, ce qui signifie qu'elle ne pourrait atteindre que quelques individus, elle peut en revanche être plus souvent découverte, si les investigations sont correctes. Quel est l'intérêt à présenter cette maladie ? Les intérêts sont multiples : cette maladie est fréquemment vue au stade des complications qui peuvent engager le pronostic vital, notamment chez le nourrisson. Elle peut se manifester à n'importe quel âge ; nombreux sont les malades qui s'ignorent. Nombreux ceux qui la confondent avec une maladie banale du colon. Qu'est-ce que l'intolérance au gluten ? C'est une souffrance de l'intestin. Décrite déjà au IIe siècle grégorien, il faut attendre les années 1950 pour en connaître la cause, qui est le gluten dans l'alimentation. Le gluten est une protéine qui se trouve dans les farines des céréales : blé, seigle, orge et avoine. Ce sont des composés essentiels de l'alimentation de l'Algérien. Comment le malade sans information peut-il se soustraire à ces produits qui entrent dans sa consommation quotidienne (pain, pâtes, semoule, farines). Quel est le mécanisme qui déclenche la maladie ? Chez un individu sain, les aliments sont absorbés au niveau des intestins pour passer dans le sang. Dans la maladie cœliaque, au contact du gluten présent dans les aliments (blé, seigle, orge et avoine), il y a perte de l'architecture normale des intestins. Les composés apportés par l'alimentation sont peu ou pas absorbés. Ce phénomène serait dû à la présence d'anticorps que le malade fabrique et qu'il dirige contre lui-même. Quels sont les symptômes de la maladie ? Ils peuvent aller d'une simple gêne abdominale à des diarrhées importantes parfois graves, particulièrement chez le nourrisson et le jeune enfant. Chez l'adulte, ce sont des épisodes de diarrhées ou de constipations qui peuvent simuler une colopathie ramenée à tort au stress ou à des erreurs de régime. C'est le cas de plusieurs de nos compatriotes. A cela peut s'ajouter une intolérance au lait (l'individu ne supporte pas le lait), car la substance qui permet de transformer ce lait, c'est-à-dire le métaboliser, c'est la lactase présente dans un intestin sain. Elle est absente dans un intestin lésé comme dans le cas de la maladie cœliaque. Comment établir le diagnostic ? Tout à fait accessible chez nous, par l'intermédiaire d'une fibroscopie gastrique. Elle va permettre de prélever par biopsie un petit fragment du duodénum (1re partie de l'intestin qui fait suite à l'estomac). Si le malade continue à s'ignorer ou si le diagnostic n'est pas posé, le malade court des risques qui peuvent le conduire à un certain degré d'invalidité physique, à savoir la fatigue extrême, l'anémie, les infections, la décalcification des os... Quelle est la solution ? Pas si simple, car le régime sans gluten doit être poursuivi à vie. Toute alimentation à base de blé, de seigle, d'avoine et d'orge doit être proscrite. Ces céréales doivent être remplacées par du riz, du maïs, du soja. Riz, maïs et soja ne font pas partie de nos traditions culinaires, mais il y a un apprentissage à tout. Ces céréales devraient faire partie de notre quotidien. Avec le riz, le maïs et le soja, on peut préparer du pain, des pâtes, des biscuits, viennoiseries, gourmandises... Comment y parvenir ? Par l'information (médias, corps médical...). Par la production de produits alimentaires étiquetés correctement et lisiblement avec la mention « Présence ou absence de gluten », cette mention faisant l'objet d'une loi. Cette loi permettra de protéger des citoyens atteints de maladie coeliaque. La production d'aliments sans gluten existe dans notre pays, mais elle est timide. Cette production doit être soutenue par les pouvoirs publics. Les farines sans gluten importées restent onéreuses. Il faut penser à soulager la facture du médicament, car les complications liées à la maladie nécessitent des prises en charge répétées et coûteuses. Il faut encourager les rencontres scientifiques, les ateliers culinaires et les dégustations des produits sans gluten à l'occasion des foires alimentaires. Il faut aussi réglementer sévèrement la multiplication anarchique des fast-foods et des gargotes qui ne sont pas des sanctuaires de la diététique.