s'étonnement cesse dès que cette grande couturière, Mme Etchiali Tlamsania, qui a porté son choix sur la confection du caftan de Tlemcen, explique comment elle a été amenée à suivre son mari affecté dans cette petite ville, à une quinzaine de kilomètres au sud-ouest de Bouira. Employé dans une société, son mari a cependant trouvé le temps, ce jeudi, d'être aux côtés de sa femme dans le stand qu'elle occupait à la dernière exposition sur les arts et métiers organisée par la Chambre de commerce. Ses deux filles, une lycéenne et une étudiante, qui semblent marcher sur les traces de leur mère, sans négliger le moins du monde leurs études, étaient là aussi. Chef-d'œuvre du savoir-faire artisanal, le caftan de Tlemcen occupe une place centrale dans le stand. « Toutes les mariées le portent. Et même après le mariage », confie notre grande couturière. Selon elle, cette tradition se perpétue depuis deux siècles. Le lendemain, la mariée le porte avec un châle tissé et une ceinture faits main. « Cela se met avec un diadème », explique encore la couturière. Il se porte également avec une toque de velours filée d'or. Le costume traditionnel, ainsi porté, se veut être le signe distinctif de la mariée dans cette région de l'ouest du pays. A l'époque, la mariée ne s'en défaisait qu'au bout d'une semaine. « Ma grand-mère en portait un », confesse notre interlocutrice. Cependant, le caftan est porté aujourd'hui, également, par les toutes petites filles, et la couturière, qui tenait à montrer qu'elle ne les a pas oubliées, a exposé de petits caftans à leur taille. Mais, ce jour-là, le caftan avait une coupe légèrement différente : celui que la couturière destine exclusivement aux jeunes Bouiréennes. Il se distingue du modèle tlemcénien au niveau du col, plus étroit et plus allongé pour le premier. Travaillé entièrement à la main, ce costume traditionnel de l'Ouest algérien est tissé avec du fil de soie chinois entrecroisé de fil d'or. Les motifs très variés comportent souvent la main de Fatima. « C'est contre le mauvais œil », dit en riant la couturière. Un tel travail, qui requiert le métier à tisser pour réaliser la robe, nécessite deux mois. Le foulard ou « mendil », aux franges assorties aux couleurs de la robe, est confectionné entièrement à la main. Ce travail est généralement confié aux vieilles femmes. Il en existe avec de larges rayures ou avec des couleurs dorées ou argentées. Même si la couturière est maintenant installée à El Hachimia, elle fait venir la matière première de sa ville natale, en l'occurrence, Tlemcen. Ayant commencé ce métier dès son jeune âge, notre couturière tlemcénienne entend le poursuivre aussi longtemps que le lui permettront la vigueur et l'habileté de ses doigts, pour le plus grand bonheur des femmes qu'elle habille avec un art dont elle a le secret.