La salle Ibn Khaldoun a accueilli, l'espace d'une soirée, un défilé de haute couture traditionnelle, au grand bonheur des amoureux du caftan et de l'habit traditionnel. Etoffes délicates et couleurs scintillantes étaient au rendez-vous. On se serait cru à « Caftan », le célèbre et annuel défilé de mode marocain, mais en modèle réduit. Les deux créateurs, Mme Bouti de la boutique Marrakech et M. Kadid Karim de Médéa, ont présenté une collection de plus de vingt toilettes, aussi belles les unes que les autres. Les caftans, plus d'une douzaine, variaient tant au niveau de la couleur que du choix de l'étoffe : du crème au bois de rose, en passant par le bronze, le rose pétale, le chocolat, le grenat, le bleu dragée... Et du satin royal à la mousseline, en passant par le taffetas, la soie satinée, le voile imprimé... Ceux-là étaient pour la plupart ornés de délicates broderies ou d'étincelantes perles, sans surcharge et sans fausse note du point de vue coloris. Juste ce qu'il faut, là où il faut. D'autres costumes étaient également présentés, notamment des djellabas ou des robes inspirées de la coupe du caftan, pour la ville et pour les cocktails. Là encore, les couleurs, les étoffes et les fines broderies étaient de mise. Les spectateurs auront également admiré une superbe robe blanche brodée de motifs berbères ; deux ensembles haut et saroual ; un ensemble gris et grenat, jupe cintrée en cloche, haut satiné et gilet décolleté au-dessous de la poitrine le tout rehaussé d'une toge ; et un caftan (le caftan tlemcenien) porté avec la chéchia pointue, les bijoux habituels en moins. L'espace d'une soirée, l'assistance a été transporté dans un rêve oriental, brillant de mille feux, où il ne manquait que la belle Cherazad. Mais une Cherazad revisitée, version XXIe et un peu élloignée de sa contrée, déportée au Maghreb. Le défilé, précédé et suivis de variétés algériennes, avec Nacer Amine et Karima Karam, n'a en fait pas duré plus d'une heure. Mais une heure bien agréable. Dommage que les spectateurs ne soient pas venus en grand nombre. Le caftan, communément appelé « béld », trouve ses origines dans l'habillement typique marocain qui s'est développé avec le temps pour revêtir aujourd'hui un aspect tout à fait admirable. Lequel aspect s'est affranchi au point de sortir de ses frontières. Les algériennes, par exemple, en sont de grandes admiratrices. Avec le temps, certaines régions du pays l'ont entièrement adopté, voire quelque peu transformé. Même les grands couturiers européens n'ont pu résister à la tentation de s'en inspirer et de l'intégrer dans la mode occidentale. Si chic et si féminin, ils l'ont redynamisé avec beaucoup de création, un véritable coup de fouet à l'ordre établi.