Le boycott du FFS, le refus de Zeroual ainsi que d'autres personnalités politiques de se présenter et la non-participation du RCD sont autant de signes présageant que la prochaine élection sera un non-événement. L'Algérie s'apprête à organiser une élection présidentielle dont le vainqueur est connu d'avance. Pas de place pour le suspense ni pour la compétition démocratique, Abdelaziz Bouteflika a été « élu » le 12 novembre 2008 en se donnant la garantie d'avoir un nouveau mandat et en fermant la voie à l'alternance. L'élection d'avril prochain ne sera en fait qu'une réédition du plébiscite de la révision de la Constitution et donc juste une marche qui reste à monter pour une intronisation à vie. La galerie de candidats devant prendre part à ces joutes électorales – hormis le candidat principal qui temporise pour annoncer sa candidature – est là pour faire de la figuration et donner un semblant de crédit et d'ouverture à une élection fermée. Le boycott du FFS, le refus de Zeroual ainsi que d'autres personnalités politiques de se présenter et la non-participation du RCD sont autant de signes présageant que la prochaine élection sera un non-événement. Même les ingrédients d'un faux suspense à la 8 avril 2004 ne sont pas réunis. L'option Zeroual, qui devait planter le décor d'un duel de régions, a réussi à brouiller les cartes pour un temps, mais a vite fait de fondre dans l'illusion. Bouteflika est laissé seul dans une arène sans gladiateur ni fauve. La question est de savoir si cette arène sera aussi désertée par le public. Si le fait de se retrouver sans adversaire de taille ôte toute crédibilité à l'élection devant l'introniser une troisième fois, le candidat Bouteflika pourrait s'en accommoder si le peuple est présent le jour du scrutin en allant voter massivement, « peu importe pour qui ». L'abstention devient donc la grande inconnue d'une équation électorale décriée et biaisée par l'absence de « chevaliers » habilités à donner la répartie au candidat du pouvoir et surtout à donner un semblant de vie à une campagne électorale atteinte déjà d'aphasie. En l'absence d'adversaires de taille, l'abstention devient donc sans conteste le seul rival pour Bouteflika. Le souvenir très frais de la défection du peuple aux législatives du 17 mai 2007 n'a pas encore fini d'avoir des répliques et de traduire le ras-le-bol d'un électorat qui a consommé son divorce avec la sphère politique. Aujourd'hui, les « soldats » des partis de l'Alliance auront pour rôle de carburer leur machine électorale afin d'attirer l'électorat. La tâche est rude et pourrait s'apparenter, en ces jours de vaches maigres et de perte de confiance en ses dirigeants, à « pousser un mulet mort ». Le pouvoir, qui chérit la façade démocratique et qui a toujours œuvré à sauver les apparences, ne peut supporter une déculottée que l'image de bureaux de vote vides pourrait lui renvoyer. Surtout pas, un candidat président qui mise, même dans ses visites d'inspection dans les wilayas, sur l'image de sa popularité. Que dire alors de se voir, le jour de son accession à son troisième mandat, privé de soutien populaire ? L'enjeu est de taille et les moyens vont être injectés pour sauver la face de l'élection présidentielle. L'absence d'une contre-voix démocratique pourrait aider les partisans de la participation à la présidentielle à bien passer leur message. L'hibernation décidée par Saïd Sadi, au lieu de faire campagne pour le boycott de l'élection qu'il qualifie de « dangereux cirque », arrange les partisans du vote.