En optant pour cette position, le Dr Sadi aura piégé et le gouvernement et ses détracteurs au sein de son parti. Le Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD) ne participera finalement pas au scrutin du mois d'avril prochain. Telle est la décision qui a sanctionné les travaux du conseil national de la formation du Dr Sadi, tenu jeudi dernier à Alger. «La participation à une telle compétition dans les conditions actuelles serait synonyme de compromission dans une opération d'humiliation nationale. Refuser de s'y impliquer est à la fois un devoir civique et une exigence de respect pour notre histoire», a déclaré le Dr Sadi. Une lecture qui l'a amené droit à l'annonce de sa non-participation à l'élection qu'il a qualifiée d'«impitoyable et dangereux cirque». Lors de son intervention, le président du RCD a développé un discours très critique vis-à-vis des pouvoirs publics. «Depuis dix ans et en dépit d'une conjoncture interne et externe des plus favorables, l'Algérie n'a trouvé ni équilibre politique, ni stabilité institutionnelle, ni prospérité économique, ni sécurité», a-t-il martelé. Aiguisant davantage sa critique, l'intervenant a dénoncé le détournement et la manipulation par le pouvoir de sa revendication consistant en la présence «massive et de qualité» d'observateurs internationaux. Selon lui, il (le pouvoir) a encore une fois rusé en faisant appel à des organisations politiques au lieu des instances professionnalisées dans les missions d'observation. Le gouvernement avait, rappelons-le, annoncé au début de ce mois, avoir introduit une demande d'envoi d'observateurs internationaux auprès des Nations unies, de l'Organisation de la conférence islamique (OCI), de la Ligue arabe et de l'Union africaine (UA). Le RCD a décidé a, en outre, décidé de geler toutes ses activités publiques. «Le tout étant de faire preuve de vigilance pour ne pas être happés par des conflits claniques qui s'exacerberont et dans lesquels on ne manquera pas d'essayer de nous entraîner», a souligné le Dr Sadi avant de préciser qu'«on entend déjà les appels à la surenchère qui poussera à notre sortie des institutions dès maintenant». A souligner que l'annonce de Sadi de boycotter le scrutin intervient 48 heures seulement après celle de l'ancien président Liamine Zeroual de renoncer à toute action politique. Ainsi, si cette décision était pour le moins que l'on puisse dire attendue, et si l'on se réfère aux dernières réactions du parti réservées à la convocation des observateurs internationaux et à certaines indiscrétions de certains proches du parti, il n'en demeure pas que cette option en a surpris plus d'un. Depuis déjà quelques semaines, les partisans d'un boycott sont de plus en plus nombreux à faire entendre leur voix au sein du parti. Avec cette décision, le RCD, qui avait déjà participé à toutes les échéances présidentielles passées (1994, 1999 et 2004), semble donner plus de discrédit à la présidentielle prochaine en la dépouillant d'un concurrent «de poids» et d'un opposant «de sang» pour le président Abdelaziz Bouteflika. Ainsi donc, après que le boycott des démocrates dits laïcs (FFS et le RCD) est confirmé et la probable non-participation d'un candidat de la mouvance islamiste, qui se trouve, faut-il le souligner, à la recherche d'un leader charismatique, il est fort possible que la prochaine élection présidentielle connaisse un taux d'abstention jamais égalé dans les annales des présidentielles algériennes. D'aucuns ont affirmé que la non-participation de ces «poids lourds» de la scène politique nationale au prochain scrutin ne sera qu'une disgrâce de la pratique politique en Algérie. Mieux, des observateurs avertis n'hésitent pas à considérer qu'une présidentielle sans ces personnalités ayant un ancrage politique avéré, sera vidée même de sa substance. Cela étant, il est à se demander quel sera donc l'avenir immédiat du RCD après la décision de ne pas prendre part à une échéance d'une telle envergure? La réponse est toute simple pour le leader du parti: «Nous devons voir comment améliorer notre fonctionnement et corriger nos insuffisances dans les prochains mois pour préparer le parti à toutes les éventualités», a-t-il indiqué. Dans ce contexte, le RCD compte se concentrer sur la formation, la réorganisation de ses structures en fonction des nouvelles exigences, accompagner ses élus dans leur mission, récupérer et restaurer son patrimoine immobilier ainsi que de prendre le temps de repérer et de se concerter avec les catégories acquises au changement. Ira-t-il à des coalitions avec les autres partis de l'opposition? Rien n'indique le contraire.