«Chah Chah !», ce n'est pas le dernier hit de l'été 2018, mais plutôt un charivari manifestant la joie des «mamys» de La Casbah, en émersion dans les eaux de Hamam Melouane , une station thermale située à quelques km de Blida. L' infrastructure initiale de Hammam Melouane était dénommée «Hôtel des eaux thermales», elle remonte a 1876, et accueillait les premiers touristes venant à bord de carrosses de Bab Azoun. Loin de la carte postale et des notes historiographiques, Hamam Melouane a réussi à drainer les curistes, même en plein mois d'août et à concurrencer ainsi les plages très convoitées par les Blidéens, comme celles du Chenoua, El Beldj et Gouraya. Ici, les tourismes culturel, cultuel et thermal s'entrecroisent. Le mercure monte, dévoilant des smayem «agenda agraire» avec des chaleurs qui dépassent les 38 degrés, le décor est planté pour apercevoir de loin des processions de femmes et d'enfants baignant dans les eaux qui descendent en cascade du mont de magtaâ Lazrag, un site naturel appelé également «Hamamabou», en référence à un bienfaiteur melouanais qui assurait l' aménagement et l'entretien de la source. Côté cours... d'eau , les familles venues des quatre coins de la Mitidja, du Titteri et d'Alger se sont installés dans des paillotes les pieds dans l'eau, des bons plans champêtres ponctués de baignades, de piques-niques et de rencontres féminines rehaussées de bouqalate et des interminables joutes proverbiales. Les cabanes sont toutes hissées des drapeaux des clubs de la Champion League et, bien sûr, de ceux de l'USMB, du WAB, sans oublier l'emblème de la Palestine et l'icône du commandanté le Ché. Les jeunes saisonniers assurent les prestations, en concertation avec la mairie et veillent au grain en assurant la quiétude des estivants. Le grand splash Ce type de tourisme populaire nous fascine, de somptueuses scènes de vie de baignade de toute une myriade de femmes en réelle fusion avec les eaux de Hamam Melouane, des tableaux grandeur nature dignes des baigneuses de Gustave Courbet «melouanisé». Des rires, des plongeons à la mouriska s'entremêlent aux percussions de la derbouka, une ambiance opérant comme un véritable catharsis, libérant tant de passions et de pulsions, des extra muros 100 pour cent féminins, on est bel et bien à Hamam Melouane. Après la farniente au pied des montagnes, nous nous dirigeons vers les bains individuels et collectifs que nous proposent les établissements hôteliers bien classés par les tripiadvisorjumiatravel et les e-booking. Pour rappel, l'ancienne structure thermale a été acquise suite à un avis d'appel d'offres par un investisseur privé, qui a entamé tout un plan de réhabilitation et de rénovation avec le lancement d'un aquaparc, qui n'a pas encore été livré. Certains habitués des thermes de l'ex-EGT Centre ont signalé la cherté des prestations, surtout pour les familles nombreuses ,un marketing innovant, ciblant les familles, gagnera à satisfaire une clientèle qualifiée de «ziar de Sidi Slimane», le saint- patron de la localité de Hamam Melouane. Plusieurs légendes et superstitions sont greffées à l'histoire de Hamam Melouane, comme celle de la fille du Dey Hussein, qui a retrouvé l'usage de ses pieds suite à une baignade dans les thermes. Une autre source rapporte que les œufs bouillis ramenés par les femmes leur ont évité les morsures de reptiles très portés sur les œufs de la région, ce qui a et fera toujours le bonheur des petits vendeurs des œufs bénis. Au-delà de toute cette anthropologie, les cures aux eaux thermales sont souvent prescrites par les médecins rhumatologues et orthopédistes, les analyses biologiques réalisées déjà en 1927 attestent de la richesse des bains à l'azote, au magnésium et au fer. Après une heure de cure, de quoi se refaire une beauté, l'heure est au plaisir de la table, nous nous sommes approvisionnés en produits locaux : volaille à la braise, galette, petit-lait, figues, un déjeuner en plein air, suivi d'une sieste à l'ombre des caroubiers, un autre arbre très convoité par les inconditionnels du tourisme cultuel et écologique. Paysage luxuriant Côté paysage, la forêt de Draâ Douz demeure la ceinture verte de toute la localité. Plusieurs variétés d'arbustes constituent le couvert végétal de la région, d'autres agriculteurs de Magtaâ Lazreg et de Bouserdina proposent des fruits et légumes cultivés sainement dans leurs petits lopins de terre. D'autres fermiers du lieu-dit Yemma Hlima ont regagné leur térrain pour continuer leurs activités d'élevage suspendues pendant la décennie noire. La commune de Hamam Melouane, qui gère l'ensemble des espaces touristiques, table sur les recettes de la saison estivale qui enregistre un pic considérable en matière d'affluence des visiteurs. Seul inconvénient, signalé le mois de mai dernier par un citoyen de Hamam Melouane sur sa page Facebook intitulée «Ouled Hamam Melouane», il s'agit des désagréments causés par l'usage de la dynamite dans la carrière Samba, située non loin du site thermal, un chantier qui a enlaidi le cachet touristique de la localité. Nous quittons Hamam Melouane avec beaucoup de provisions à bord, du miel, du carroube et des figues bien fraîches, sans oublier la derbouka locale qui enchante les visiteurs. Une fois au bout du tunnel, des pics de pigeons, des percussions rythmant le célèbre chant Yahamam melouane ya ami Slimane aatina saha fi koulimakane.