Barack Hussein Obama est depuis, hier, président des Etats-Unis d'Amérique. Son investiture a certes suscité le même jour beaucoup d'intérêt chez les Américains qui l'avaient élu en novembre dernier. Quid des Algériens ? C'est dans l'indifférence qu'a été accueillie hier par « monsieur tout le monde » à Alger son investiture à la Maison-Blanche. De nombreuses autres personnes se sont montrées plutôt sceptiques quant à la capacité du nouveau locataire de la Maison-Blanche de changer les choses pour la politique extérieure de son pays à l'égard du monde. Les Algérois semblaient plutôt préoccupés par autre chose que par cet événement. A l'image de Hocine, qui, apostrophé, s'est, après une longue hésitation, excusé de ne pouvoir donner suite. « Je sais pas ! » s'est-il contenté de dire. Comme Hocine, il y en a beaucoup d'autres, sans avis. Abderrezak, un étudiant en droit, dit ne rien attendre de particulier d'Obama. « Il n'est pas le Prophète, même si pour les Américains il peut changer plein de choses », dira-t-il. Aux yeux de ce futur avocat, « l'Algérie reste toutefois un réservoir de pétrole et de gaz pour les Américains et le système actuel les arrange bien. » « Ça ne nous concerne en rien », nous dit, pour sa part, Khaled, étudiant en informatique. Pour son camarade de classe, Obama par contre est perçu comme « un sauveur ». Toutefois, il souligne que « le nouveau président américain sera jugé sur ses actes ». Et à Khaled de lui rappeler : « Il est déjà revenu sur certaines de ses promesses, notamment concernant la fermeture de Guantanamo. » Pour Yassine, administrateur, « les peuples arabes et musulmans sont tellement désespérés qu'ils se réfèrent à l'origine ethnique et religieuse d'Obama pour espérer d'Obama des jours meilleurs. Or, il me semble que personne ne connaît son programme et ses positions. Dans le meilleur des cas, il ne paraît pas évident qu'il dispose d'une marge de manœuvre pour pouvoir véritablement changer les choses. » Rachid, chômeur, rencontré place du 1er Mai, n'est pas moins pessimiste. « Qu'est-ce que j'attends du nouveau président américain ? Rien de plus que ce qu'on a attendu de l'ancien », affirme-t-il. En décodé, cela veut dire : nous n'attendons rien d'Obama. Pour Saïd, un postier de Hassiba Ben Bouali, « Barack Obama ne pourra rien faire devant les lobbies sionistes et militaro-industriel américain ». Pour lui, « il ne pourra rien faire car ces lobbies ont besoin de guerres pour survivre. Ils finiront bien par l'entraîner dans une guerre ». Leïla B., qui enseigne dans un collège du centre d'Alger, abonde dans le même sens. Ainsi, estime-t-elle, « Obama a été élu par le clan des sionistes des Etats-Unis ». Selon elle, « son silence face au massacre de femmes et d'enfants à Ghaza, identique à l'Holocauste, prouve qu'il ne pourra rien faire pour rendre ne serait-ce qu'un grain de justice aux populations opprimées de la planète ». Elle ajoute : « Obama, s'il avait réagi de la même manière que Chavez, aurait été un président populaire et respecté dans le monde musulman. » Amar L., banquier, est aussi pessimiste. Pour lui, il n'est pas évident que le nouveau président des Etats-Unis puisse changer la politique extérieure de son pays : « Je ne crois pas qu'Obama puisse changer la politique extérieure de son pays puisqu'il est otage de lobbies qui vont lui dicter la marche à suivre. » Amar signale à ce sujet que « ce n'est pas par hasard que Rahm Emmanuel, de père juif, a été nommé secrétaire général de la Maison-Blanche ». Notre interlocuteur rappelle, comme pour étayer ses dire, qu'« Obama a tenu, avant son élection, un discours devant l'AIPAC, qui est le puissant lobby israélien. Il avait alors promis de transférer la capitale israélienne de Tel-Aviv à El Qods ». Pour lui, « Obama, au lieu de retirer les troupes d'Irak et d'Afghanistan, au contraire, promettait de renforcer la présence militaire en Afghanistan ». Autant de choses qui font dire à ce banquier que « la politique d'Obama sera la continuité de celle de Bush ». Cela même si de rares optimistes continuent de croire qu'Obama peut changer la stratégie de l'Amérique vis-à-vis des Arabes et du monde islamique et surtout tenir sa promesse de se retirer d'Irak et d'adopter une nouvelle approche de la question palestinienne.