Le fils de Maurice Audin, Pierre, a appelé vendredi les témoins de la guerre de libération nationale à “dire la vérité” et à “transmettre les documents” sur l'assassinat de son père par l'armée française, survenu il y a 61 ans. Intervenant sur les ondes de FranceInfo, Pierre Audin a estimé que “c'est le début d'une nouvelle étape”, après la déclaration jeudi du président Emmanuel Macron reconnaissant la responsabilité de l'Etat français dans la disparition et l'assassinat de son père. “C'est le début d'une nouvelle étape. Ce qui est important, c'est que le président de la République a reconnu que la torture était un système qui était essentiellement une arme politique, qui ne servait qu'à terroriser la population et qu'il décide d'ouvrir les archives concernant tous les disparus, pas seulement mon père”, a-t-il répondu au journaliste, appelant les témoins de l'époque à parler. “Tout est prescrit et tout est amnistié depuis longtemps. Désormais, il faut dire la vérité et transmettre les documents qui permettront de savoir, pour mon père et pour des milliers d'autres, ce qui est arrivé précisément”, a-t-il soutenu, regrettant qu'il ait fallu 61 ans pour que l'Etat français reconnaisse sa responsabilité dans ce crime. Il a rappelé, par ailleurs, qu'il est “tout à fait clair” à l'époque que “quand les militaires annonçaient que quelqu'un s'était évadé cela voulait dire qu'il avait été assassiné”. “C'était un langage codé, mais dans le système de terreur qui régnait à Alger à ce moment-là, il est tout à fait clair que c'était ce que ça voulait dire. Il n'y avait pas d'ambiguïté”, a-t-il précisé, exprimant son étonnement devant le cas de son père où les responsables de son assassinat “ont carrément été jusqu'à mimer une scène d'évasion”. Jeudi, la France a reconnu officiellement, et pour la première fois, avoir instauré un “système” recourant à la “torture” pendant la guerre de libération nationale. La présidence française a indiqué, dans un communiqué, que le militant algérien Maurice Audin, disparu en juin 1957, est “mort sous la torture du fait du système institué alors en Algérie par la France”. Dans une déclaration remise à la veuve Josette Audin, le président Emmanuel Macron a appelé à l'approfondissement du travail de vérité lié à la guerre d'Algérie. “Il importe que cette histoire soit connue, qu'elle soit regardée avec courage et lucidité”, a-t-il dit appelant à l'approfondissement du travail de vérité qui doit ouvrir la voie à une “meilleure” compréhension de passé français et à une volonté “nouvelle” de réconciliation des mémoires et des peuples français et algérien.