Vue du ciel, la terre paraît si simple, si homogène et si ronde. Mais une fois en surface, on découvre vite les tracas des frontières, les incompréhensions culturelles entre ses habitants, les différences sociales et les ignorances des gens qui s'y entassent. Pour briser ces barrières et démystifier cet être lointain mais qui nous ressemble tant, Sibylle d'Orgeval et Baptiste Rouget, deux réalisateurs français, accompagnés de plusieurs reporters, ont sillonné le monde durant trois mois. Ils ont interviewé près de 5000 personnes et posé leurs caméras dans 75 pays, y compris en Algérie. Objectif : faire parler le paysan malien, connaître les rêves de l'ouvrier brésilien, les angoisses du combattant afghan, les bonheurs de la mère arménienne, les malheurs de la couturière russe… De ce travail passionnant et interactif est né un projet original portant un nom peu commun : 6 milliards d'autres, porté par le photographe de renom et amoureux de la terre, Yann Arthus-Bertrand (YAB), qui a sorti de ces carnets de voyages visuels et lointains une exposition qu'on peut admirer jusqu'au 12 février prochain au Palais de la découverte à Paris. Le concept est simple ; il s'agit de partir à la rencontre de « l'autre », de dresser son portrait, de l'interroger sur ses rêves, ses craintes et ses espoirs, de partager son vécu et de connaître sa philosophie. « L'idée est partie d'une journée où j'ai dû rester mobilisé au Mali à cause d'une panne d'hélicoptère. J'ai discuté avec un paysan malien qui m'a dit que sa seule ambition dans la vie était de nourrir ses enfants », explique YAB. Cette confession allait vite donner envie au photographe de recueillir d'autres témoignages favorisant la compréhension de l'autre, celui qui habite loin de nous, qu'on ne voit parfois que par la lucarne télévisuelle. YAB cite un autre exemple, celui d'une femme tchétchène pour qui le bonheur ne se résume « qu'à sortir de sa cave après les bombardements pour écouter le silence ». 6 milliards d'autres a nécessité 6 ans de tournage dans le monde entier pour recueillir les témoignages, 20 heures de d'enregistrements, 6 reporters chevronnés, 300 portraits de personnes interviewées et 5000 portraits vidéo. Autant dire un travail titanesque rendu possible grâce aux subventions gracieuses de BNP Paris, d'Air France et de nombreux autres mécènes. Au Palais de la découverte, les visiteurs peuvent faire eux-mêmes partie de l'exposition. Il s'agit juste de répondre sur place aux 40 questions utilisées lors des interviews de 6 milliards d'autres, grâce aux studios d'enregistrement disposés sur place. Avant qu'elle ne soit une exposition, 6 milliards d'autres est d'abord une aventure humaine qui rend hommage à tous les humains de cette planète, peu importe leur couleur, leur sexe ou leur religion. C'est un hymne à la vie et au genre humain…