Les travailleurs de l'unité de transformation de liège d'Aokas (Béjaïa) sont dans le désarroi. Et pour cause, la situation de statu quo qui perdure depuis l'arrêt total de l'entreprise, suite à un incendie qui a ravagé l'année passée sa meunerie considérée comme son poumon même, et qui a mis les travailleurs face à un avenir incertain. En effet, les employés de l'entreprise, sans salaires depuis 4 mois, s'y rendent quotidiennement pour poireauter à longueur de journée, sans que leur devenir ne se précise. « Le gouvernement a procédé au payement des salaires pour les mois passés mais rien depuis 4 mois, et le seul revenu de la filiale actuellement est la location d'un hangar », disent-ils. Un revenu qui selon eux, « suffit à peine à payer les factures d'électricité et de la ligne téléphonique ». De la vente à l'ouverture du capital de la filiale, qui fait partie du groupe Sodiaf (Société de développement d'investissement et d'aménagement forestier), aucune procédure n'a abouti. Même la proposition de sa liquidation a été rejetée. Le syndicat de l'entreprise, après les multiples requêtes qu'il a adressées à la tutelle et aux autorités concernées, s'est vu proposer la mise en place d'un plan social qui consiste en la mise en retraite normale ou anticipée de 70 agents de l'entreprise. Après négociations et propositions dudit syndicat, le plan a été approuvé par la direction de l'entreprise et le conseil d'administration mais son application n'est pas près de voir le jour. Une attente qui ne peut plus durer affirme M. Mouzaoui, chef de la section syndicale. Selon lui, « si une réponse n'est pas donnée sur l'éventualité de l'exécution de ce plan social, une plainte sera déposée incessamment ». « Même le PV de non conciliation demandé auprès de l'inspection du travail ne nous a pas été délivré », affirme t-il. La raison du retard que prend l'exécution de ce plan social ? Cela réside, selon les travailleurs de l'entreprise, dans l'absence de ressources financières à affecter à cet effet. « Les responsables du groupe disent que l'argent des assurances sera affecté au plan social mais cela se fait toujours attendre », précise le responsable de la section syndicale. M. Benmouhoub, Président directeur général de la filiale, interrogé pour plus de précisions sur la situation et ce qu'endurent les travailleurs, s'est refusé à tout commentaire. Selon lui, « les directives de la tutelle » l'en empêchent. à noter que, cette unité de liège aggloméré, source de revenus pour beaucoup de familles, a commencé à « vaciller » à cause des difficultés financières qu'elle a rencontrées depuis plusieurs années déjà. Un incendie est venu lui donner le coup de grâce le mois de mai 2008, causant la perte de près de 250 tonnes de liège, laissant ses 98 travailleurs dans un avenir incertain et une attente qui s'éternise. La situation pour eux est intenable et ils menacent « d'investir la rue » si une réponse à leur attente n'est pas donnée.