Le dernier combattant survivant de l'accrochage du mardi 5 juin 1956 qui avait opposé le commando algérien aux miliciens du bachagha Boualem et les soldats français, dans le djebel Deraga à El Karimia, en l'occurrence Mustapha Saâdoun, a été enterré, hier, à Cherchell, sa ville natale. Saâdoun, une référence pour les moudjahidine et les chouhada de la Wilaya IV était l'ami de tous, il était un moudjahed aux côtés de Henri Maillot, Maurice Laban, Yveton et bien d'autres célèbres héros de la guerre de Libération nationale. Mustapha Saâdoun est l'un des membres fondateurs du Mouloudia sportif de Cherchell, cette équipe de football qui a donné 15 chouhada parmi ses éléments, après que son président et ses joueurs eurent répondu au devoir national. Faisant partie d'une famille de révolutionnaires, Mustapha Saâdoun était toujours présent sur les terrains des luttes politiques et syndicales. Membre du Parti communiste algérien, il est resté fidèle à son idéal, jusqu'à devenir l'un des cadres dirigeants qui ont pris une part active à la campagne pour l'élection des listes démocratiques aux assemblées locales en 1947. Mustapha Saâdoun avait participé avec succès à maintes embuscades contre les soldats et les colons français. Humble, modeste, il continuait à assister à sa manière les citoyens, notamment ceux des zones rurales, pour les sensibiliser sur l'amour de la patrie. La disparition énigmatique de son fils Djamel en 1996, alors qu'il effectuait son service militaire à Béchar, a marqué le reste de sa vie. Mustapha Saâdoun s'impliquait dans toutes les manifestations organisées par le mouvement associatif. « Il faut que les décideurs revoient le système scolaire. Il faut apprendre aux Algériens à revendiquer leurs droits pacifiquement. Les décideurs algériens doivent accepter les débats démocratiques. L'écriture de l'histoire de notre pays est un devoir. » Tels étaient, entre autres, les derniers mots prononcés par Si Mustapha Saâdoun, dans la commune de Nador, à l'occasion de la célébration de son 90e anniversaire. C'était aussi une opportunité pour les membres de la Fondation de la Wilaya IV historique pour lui remettre le titre de membre d'honneur de la Fondation du colonel Youcef Khatib. Une foule nombreuse avait accompagné le défunt à sa dernière demeure.