L'économie mondiale est prise dans un sérieux tourbillon rendu désormais plus obscur après la publication, hier, des dernières prévisions du FMI et du BIT sur la croissance mondiale et le chômage. Jamais les prévisions du Fonds monétaire international ont été si sombres. L'institution de Bretton Woods a fortement revu à la baisse sa prévision de la croissance mondiale, qui ne devrait pas dépasser 0,5% cette année. C'est le taux le plus faible depuis la Seconde Guerre mondiale, relève le FMI, qui donne ainsi des sueurs froides aux pays développés et à ceux en voie de développement. Cette décroissance de l'économie mondiale devrait être entraînée surtout par une forte contraction de l'ordre de 2% du produit intérieur brut des pays développés. Dans le nouvel exposé prévisionnel du FMI, appelé « Perspectives de l'économie mondiale », il est relevé aussi que les tensions restent aiguës sur les marchés financiers en dépit de toutes les actions engagées par les gouvernements. Ainsi, sur la courbe de croissance du FMI, l'économie mondiale pour 2009 a fortement perdu, passant de 2,2% en novembre 2008 à 0,5%. Le produit intérieur brut devra connaître aussi ses pires moments en 2009. L'évolution du PIB a été revue en nette baisse pour toutes les grandes économies. Selon le FMI, les Etats-Unis résisteraient mieux à la crise avec, sur le tableau de bord, un PIB en recul de 1,6% (après +1,1% en 2008). La zone euro serait plus durement touchée avec une contraction de 2% (après +1% en 2008), bien plus marquée que celle de 0,5% anticipée jusqu'ici. Plusieurs économies européennes sont dans le panier de la dépréciation. L'Hexagone verra son PIB reculer de 1,9% (après +0,8% en 2008) contre -0,5% prévus en novembre. L'Italie connaîtrait trois années consécutives de recul du PIB entre 2008 et 2010, avec un pic cette année (-2,1%). 230 millions de chômeurs en 2009 Pour l'Allemagne, première économie de la zone, les prévisions avaient déjà été publiées six jours plus tôt avec -2,5% en 2009, après +1,3% en 2008. La Grande-Bretagne est le pays où la crise devrait être la plus brutale cette année avec un PIB en chute de 2,8% (après +0,7% en 2008). Le Japon devrait voir son PIB reculer de 2,6%. Les économies en développement ne sont non plus épargnées par le choc avec, sur la courbe, une croissance de l'ordre de 3,3% en 2009, après 6,3% en 2008. Le FMI prévoit cependant une reprise en 2010, avec une croissance de 3%, dont 1,1% pour les pays développés. L'inflation devrait se limiter à 0,3% cette année dans les pays développés, et à 0,8% en 2010. Cependant, les inquiétudes restent intactes sur l'état de la finance mondiale. Le BIT vient, lui aussi, bousculer fortement les donnes et assombrir davantage le tableau. D'après cette institution mondiale, la crise économique mondiale pourrait engendrer jusqu'à 51 millions de chômeurs. Il a averti que « l'agitation sociale est déjà là ». Dans son rapport sur les tendances mondiales de l'emploi en 2009, présenté à Genève, le BIT estime que le nombre de chômeurs pourrait augmenter de 18 à 30 millions à travers le monde par rapport à 2007. Le BIT a prévu trois scénarios-catastrophe. Le premier : le taux de chômage mondial passerait de 5,7% en 2007 à 6,1% en 2009, « ce qui se traduirait par une hausse du nombre de chômeurs de 18 millions par rapport à 2007 », soit un total de 198 millions. Le second scénario est lié à un préjudice plus poussé que prévu. Celui-ci provoquerait une hausse du nombre de chômeurs de 30 millions par rapport à 2007, soit un total de 210 millions. Le troisième scénario, qualifié de plus catastrophique, porterait le taux de chômage mondial à 7,1% et le nombre de chômeurs dans le monde s'élèvera à 230 millions. Dans ce cas de figure, le nombre de travailleurs pauvres pourrait alors atteindre 1,4 milliard, « soit près de 45% de la population active mondiale ». A cela s'ajoutent plus de 200 millions de personnes, « issues pour la plupart des économies en développement », qui pourraient venir grossir le cercle des travailleurs extrêmement pauvres.