A quelque chose malheur est bon, sommes- nous tentés de croire à chaque fois qu'un événement secoue le pays. Et c'est ce qui n'a pas manqué durant ces derniers mois. On retiendra, en guise d'illustration de notre propos, la crise du choléra qui a ébranlé le pays et surtout ses responsables. Ces derniers ont carrément perdu la tête, tant ils n'ont pas su comment s'y prendre pour faire face à l'inquiétude de la population, d'une part, et prendre en main le problème pour le solutionner dans les brefs délais, d'autre part. La mise à nu a permis plus tard de revoir toute la stratégie d'intervention en pareille situation, en mettant l'accent sur la prévention et en dépoussiérant un vieux projet de veille sanitaire. N'empêche que la cacophonie institutionnelle qui a caractérisé l'épisode du choléra a fait des dégâts collatéraux, que nos agriculteurs ont payés chèrement. Juste après le souci sanitaire, les Algériens plongent dans les inondations. Tandis que des morts sont signalés à l'intérieur du pays, des pavillons d'hôpitaux de la capitale sont noyés par les eaux pluviales. Il va sans dire que les réseaux routiers sont coupés à la circulation. Là encore, nos décideurs, pris de panique, rejettent la faute sur les bulletins météo pas très précis à leur goût et plus encore sur l'incivisme du citoyen. Et pour ce faire, les pouvoirs publics exhibent alors des peaux de mouton de l'Aïd jetées dans les avaloirs. Dans les deux cas des plus récents malheureux événements, la responsabilité des gestionnaires du pays est entièrement engagée. Ne dit-on pas que gérer c'est prévoir ? Et c'est exactement l'absence de politique de prévention qui fait défaut dans le travail des autorités publiques. Cette seconde nature prend malheureusement des proportions inquiétantes. Parer au plus pressé n'est guère permis de nos jours. L'exemple du relogement massif dans des nouvelles cités sans aucune infrastructure d'accompagnement conduit à d'inextricables problèmes en tout genre : délinquance par faute de l'inexistence de commissariat, absence de moyens de transport, d'école… Comment alors percevoir le branle-bas de combat qui intervient après la catastrophe ? Faut-il entrevoir un début de prise de conscience salvatrice ou alors s'entêter à ne voir par là que des opérations «poudre aux yeux» bien zoomées par les caméras de télévision. On reste optimiste jusqu'à la prochaine désillusion.